LES SIMULACRES

Alors comme ça, la révolte des gilets jaunes révélerait une soif de démocratie participative. On en appelle à l’organisation d’un référendum d’initiative citoyenne. On reproche aux politiques leur surdité, un décalage avec la réalité, une appartenance à un autre monde. Les Énarques sont honnis, seuls les maires trouvent grâce aux yeux des révoltés. D’un pas leste on désigne alors le maire, élu on ne peut plus local, comme unique interlocuteur politique valable. Quelques maires ont même déjà reçu les doléances de délégués de la révolte pour les transmettre en haut lieu.

Quelle mauvaise blague ! Pouvez-vous imaginer, une seule seconde, une telle initiative dans la commune de Chapareillan :

  • Une majorité municipale, rangée derrière une mairesse autoritaire, ostracisant les élus minoritaires
  • Des commissions municipales, principale lieu d’expression et d’analyse des problèmes collectifs, supprimées en 2014
  • Quelques groupes de travail fantomatiques composés de participants désignés sur des critères inconnus, laissant planer un sérieux doute sur la volonté d’administrer la commune sans discrimination
  • Des conseils municipaux sans débats, bâclés en 30 minutes comme s’il fallait se débarrasser d’une corvée
  • Quelques réunions de quartiers sporadiques, des réunions publiques stériles, la création démagogique de conseils d’anciens et d’enfants ne masquent en rien une réelle volonté d’éradication de toute opposition municipale.

Combien de municipalités de droite et d’extrême droite ont-elles infligé ce traitement à la démocratie locale ? Seraient-elles alors dignes de constituer la base d’un renouveau démocratique ?

L’expression des citoyens doit évidemment trouver une écoute; les commissions municipales servaient à cela lorsqu’elles étaient ouvertes aux habitants. Peut-on attendre d’un maire qu’il entende les doléances de ses habitants (gilets jaunes ou pas !) si dans son fonctionnement quotidien il ne répond qu’aux attentes de ceux qui trouvent grâce à ses yeux. Ce type de fonctionnement clanique peut d’ailleurs être suspecté de favoritisme envers des intérêts particuliers puisque tout se passe et se décide dans le secret des alcôves entre quelques personnes (la révision du PLU par exemple). L’article L 1111-1-1 du code des collectivités locales précise pourtant bien que seul l’intérêt général doit être recherché (Une vie sociale harmonieuse par exemple).

L’article 14 de la déclaration des droits de l’homme édictait en 1789 que les citoyens pouvaient à tout moment contrôler l’exercice du mandat de leurs représentants élus. C’est au nom de ce principe que les assemblées délibératives de notre république se tiennent en public et que le contenu des délibérations est rendu publique par affichage ou publication. Dans ce contexte, tous les citoyens devraient exiger que cessent les simulacres de démocratie, faute de quoi, le sentiment de frustration montera et on risque de voir des scénarios à l’Italienne, à l’Ukrainienne, à la Hongroise ou pire à la Brésilienne s’écrire et se réaliser.

Est-ce la faute des seuls élus si la démocratie locale vacille ou plutôt la responsabilité des citoyens qui abandonnent la cause commune ? Le réveil des gilets jaunes apporte un semblant de réponse à cela : indéniablement, de nouvelles solidarités sont nées sur les ronds-points, une demande de démocratie participative s’exprime ! Mais quel bordel ! Les meilleurs sentiments revendicatifs côtoient les pires comportements racistes, homophobes, ou autre vilenie. L’éducation civique manque gravement dans les manuels scolaires !

L’état, d’abord pris de court par le mouvement, vient d’engager une forte répression contre les meneurs. Les méthodes anciennes employées, « à la PASQUA/PENDREAU », donnent une curieuse couleur sépia à l’image du renouveau politique incarné par LA RÉPUBLIQUE EN MARCHE. Ce n’est pas un hasard si les forces de l’ordre, impuissantes à « coffrer » les casseurs bien trop agiles et furtifs, s’acharnent sur les meneurs et les manifestants de base, la révolte doit être matée.

Le gouvernement, en effet, ne peut pas répondre aux revendications émises, il n’en a pas le pouvoir. Voilà pourquoi le ministre de l’économie, lui-même, a dit un beau matin sur FRANCE INTER : « Si les Français veulent payer moins d’impôts, qu’ils me disent à quels services publics ils acceptent de renoncer… », alors qu’on a déjà tant perdu ! Voilà bien la révélation que nul n’ira jamais « taper » dans le fabuleux trésor de l’oncle PICSOU pour rétablir l’équation :

« chacun cotise selon ses moyens pour répondre aux besoins de tous ».

Le monde de la finance se fout de nous et de nos gouvernants. L’état pour le coup, s’assoit sur le dixième engagement inscrit au préambule de notre constitution républicaine qui confère à la nation la responsabilité d’assurer à l’individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement.

A l’heure où l’on présente les maires comme les seuls interlocuteurs dignes de recevoir les doléances des gilets jaunes, alors qu’un grand débat s’engage et à quelques mois d’élections importantes (Européennes, municipales), ces questions-là doivent bien être posées !

Publié le 7 janvier 2019, dans Uncategorized. Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.

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