Archives Mensuelles: décembre 2020

Je reviens,

Je reviens d’un long voyage qui a duré quatre ans, dans un monde où l’on sait de quoi l’on meurt mais pas quand, ni vraiment comment. On y lutte pour vivre même si la partie est perdue d’avance. On dit « ça va ! » alors que ça ne va pas. On se perd dans les remèdes et les médications, on maudit ceux qui en ont décidé les noms. On cherche la formule, le bon cocktail, qui doit atteindre le mal sans trop détruire le corps qu’il envahit. On ne trouve pas. Alors, on apporte à l’autre de l’amour parce qu’on n’a que ça et que cette source-là est inépuisable.

Je reviens d’une marche au long de grands couloirs. On y croise un peuple entier, vêtu de blouses blanches. Des gens qui courent, qui rient, qui réconfortent, qui soignent même quand ils ne peuvent pas guérir. C’est dans ce monde-là que s’expriment les vraies valeurs : Le soin, l’attention, le dévouement, la compassion… L’humanité quoi !

Je reviens de loin et je m’informe, radio, télé, Je veux savoir comment vont les autres : Cadeaux de noël, séjour au ski, vaccin, virus, politiques et polémiques… C’est dans ce monde-là qu’il me faut vivre sans elle ? Ou repartir ? Partir pour un vrai voyage, traverser la mer, gravir la montagne, sillonner la route, inspirer à pleins poumons la liberté retrouvée, la fin de la longue veille. Je veux voir, pour elle, les plus beaux paysages, rencontrer les gens qu’elle aimait, les étreindre et puis leur raconter comment l’amour, l’amitié, la tendresse ont eu raison du martyre de la fin de sa vie, pleurer encore, à gros sanglots, alors qu’on n’a plus de larmes.

C’est dit, je repars