Archives Mensuelles: avril 2015

LA CASSETTE ET L’ARGENTIER

Comment expliquer le budget communal aux enfants de CHAPAREILLAN ?

Sous la forme d’un conte par exemple :

Il était une fois un petit royaume niché au pied d’une très haute montagne un peu branlante qui menaçait de s’effondrer tous les mille ans. Une très jolie jeune femme y régnait, la reine SARDINE (Nous y revoilà !). D’un tempérament très doux, d’une modestie sans bornes, mais souffrant d’une cruelle ignorance dans de nombreux domaines, elle avait demandé conseil au seigneur de FERRAILLE, son voisin de l’autre rive de la rivière à poissons, sur la façon de gérer son royaume. N’étant pas expert lui-même, le bon chevalier dépêcha son grand argentier (Le ministre des finances de l’époque, vous voyez ?) pour instruire sa charmante et délicate voisine. C’était l’époque où les seigneurs, trop absorbés par la pratique de la guerre, était fréquemment secondés, pour la gestion de leurs terres, par un séminariste jésuite (lire dans ce blog l’évocation de Salustio Bandini).

Sobrement vêtu d’une sorte de soutane sombre, le dos voûté (à force de se pencher sur les comptes), le cheveu ras (à trop se gratter la tête peut-être ?), l’oreille droite suffisamment décollée pour y faire tenir un crayon, ce grand argentier là s’appelait Gargamel (eh oui ! comme dans les Schtroumpfs ! Vous voyez les enfants comme ce monde de la comptabilité publique peut vous être familier).

La première leçon de gestion se déroulait dans une salle du château plutôt austère. D’immenses chandeliers en fer soutenaient des bougies dégoulinantes de cire fondue. Quelques bûches de châtaignier se consumaient dans l’âtre en un feu souffreteux qui noircissait de suie les briques de la cheminée. Sur l’un des murs en pierre grise, on apercevait une trace plus claire de forme rectangulaire, c’est de cet emplacement qu’on avait décroché le portrait du roi Spaghetti le jour où il était parti repousser les invasions sarrasines (lire dans ce blog « Le grand chaos »).

-«Majesté – dit Gargamel – Quand on souhaite acheter du Coca-cola et des bonbons Haribo il faut, avant tout, avoir des sous dans sa bourse ou dans sa tirelire»

(Note de l’auteur : On notera la pédagogie mettant l’exercice à la portée de l’étudiant par l’évocation de produits de consommation familiers)

-« Une cassette – dit la reine SARDINE – Je mets mes sous dans une cassette en forme de petit cochon avec une fente sous la queue en tire-bouchon pour y introduire des pièces »

-« On appelle cela une tirelire majesté »

-«Une cassette – répète-t’elle – J’ai même une autre cassette en cuir, comme un petit sac, qui se ferme avec un lacet »

-«Oui majesté et cet objet-là s’appelle une bourse »

Gargamel comprit alors la lourdeur de la tâche qui l’attendait. Il continua, malgré tout, son explication :

-«Donc, pour pouvoir acheter des bonbons et du soda, il vous faut compter les sous que vous avez déjà. On fait ce compte sur la grande feuille de papier blanc que voici. Au milieu de la feuille de haut en bas on trace une ligne verticale. Cela forme deux colonnes : La gauche et la droite.

En haut de la colonne de gauche on écrit de sa plus belle écriture : RECETTES

En haut de la colonne de droite on écrit : DÉPENSES.

On souligne ces deux mots en traçant un trait horizontal de gauche à droite de la feuille »

(Note de l’auteur : On notera qu’il est abordé ici l’orthographe et des notions élémentaires de géométrie)

La reine SARDINE saisit un crayon de sa petite main potelée et exécuta, avec soin, les instructions de GARGAMEL, le bout de sa langue apparaissant dans la commissure de ses lèvres comme font tous les enfants qui s’appliquent.

Le premier registre comptable du petit royaume était né.

-«Inscrivons, dans la colonne des recettes, tous les sous que vous gagnez déjà et dans la colonne dépenses tout ce que vous devez dépenser. Ce sera votre budget de fonctionnement. C’est un budget très important, car on y inscrit toutes les dépenses courantes et quotidiennes utiles au royaume. Si vous avez davantage de sous dans la colonne gauche (les recettes) que dans la colonne droite (les dépenses), vous avez du bénéfice (de l’excédent). Avec ce bénéfice vous pouvez acheter, par exemple, un nouveau carrosse (affectation de l’excédent à l’investissement).

Vous pouvez aussi tout « claquer » en soda et en bonbons mais du coup, vous ne pourrez pas acheter le carrosse.

La reine : «Je veux du soda et des bonbons ! Tant pis si plus tard j’ai les dents gâtées et un gros derrière et je veux aussi m’acheter un nouveau carrosse !».

-«Dans ce cas, il vous faut augmenter vos recettes, lever un impôt auprès de vos sujets, taxer les services qui leur sont rendus (lire dans ce blog «POISSON D’AVRIL»), vendre le bois de vos forêts et l’eau de vos fontaines, ça aidera à payer le soda et les bonbons, mais aussi à dégager plus d’excédent et l’affecter à un second budget : le budget d’investissement. Pour l’achat du nouveau carrosse ou pour financer les gros investissements (château d’eau, pont-levis, halle aux poissons, etc.) il faudra aussi emprunter des sous, vous devenez endettée et vous remboursez petit à petit sur la durée de votre emprunt. Ce remboursement s’ajoute à vos dépenses».

La petite reine dubitative et songeuse dit alors : « Tout cela est bien compliqué…Comment l’expliquer à mes sujets ? ».

-« Effectivement » dit Gargamel « ce qui ne se conçoit pas bien, ne s’énonce pas clairement »

Elle finit par se faire à l’idée que décidement, n’y comprenant vraiment rien, elle devait s’adjoindre les services d’une personne aussi compétente que ce grand argentier issu du séminaire. On s’enquit, dans tout le royaume, de l’existence d’une telle personne. C’est auprès des marchands qu’on découvrit la perle rare. Ainsi fut désignée, pour gérer le trésor royal, une boutiquière connue pour la prospérité de son commerce : Les casseroles.

GARGAMEL et une délégation se rendirent dans sa boutique aux rayonnages chargés de marmites en fonte ; de rutilants chaudrons de cuivre reflétaient les rares éclats de soleil traversant la vitrine ; au plafond étaient suspendues des poêles à frire et des gamelles de toutes tailles et toutes contenances. L’arrière-boutique résonnait des bruits sourds d’un marteau pilon frappant le métal pour sa mise en forme. Des lueurs rougeâtres et des gerbes d’étincelles s’échappaient d’une forge attisée par un énorme soufflet de cuir (L’emplacement de cette boutique s’appelle encore aujourd’hui la place du PILON).

On agita une clochette posée sur le comptoir… Une trappe en bois dissimulée dans le plancher se souleva dans un sinistre grincement… L’argentier GARGAMEL et sa délégation virent apparaître alors, se hissant par une échelle du tréfonds d’une cave voutée, sa réserve, celle qu’on surnommera plus tard et pour la postérité LA CASSETTE.

Elle accepta la mission d’aider la reine SARDINE à gérer son royaume, à la condition de le faire sans partage et dans le plus grand secret de son officine. Rien ne sert de partager son savoir quand on ambitionne de régner sur l’ignorance des autres.

Voilà pourquoi, aujourd’hui encore, la plupart des gens ne comprennent pas grand-chose au budget communal.

Jean-François RICCI, conteur prenant goût à l’exercice.

BUDGET PRIMITIF 2015 : La discrétion des officines !

Oyez ! Oyez ! Heureux lecteurs de ce modeste blog, je vous apporte une bonne nouvelle :

  • Le budget primitif de la commune de Chapareillan est voté
  • Les comptes de l’ancienne municipalité sont entérinés
  • Le budget de fonctionnement est largement excédentaire (comme c’est le cas depuis 25 ans !)
  • La capacité d’emprunt est miraculeusement retrouvée (a- t-elle d’ailleurs jamais été perdue ?)
  • Le projet de microcentrale hydroélectrique des EPARRES sort, du coup, de son carton. Ce sont 3,7 millions d’euros qui seront engagés pour partie sur le budget de l’eau et le reste en investissement.

Nous aurait-on menti en 2014 ? Souvenez-vous :

La nouvelle municipalité sitôt élue commande un audit financier à une discrète officine locale, organise une funeste réunion publique au cours de laquelle en vrac on entend « ligne de trésorerie, privatisation de l’eau, endettement irréversible, etc. » et pour épaissir encore un peu plus l’écran de fumée, distribution d’un document dans nos boites à lettre (FOCUS) pour nous alarmer sur l’état des finances communales (recherchez le document, lisez-le à nouveau !).

Eh bien! Tout ça, c’est oublié, effacé, comme par miracle !

Ce qui n’est pas oublié, en revanche, et qui restera probablement gravé dans les comptes de la commune, c’est le montant de la facture (non communiqué) du fameux audit qui n’aura donc servi à rien, ainsi que du luxueux document (4 pages en couleur et papier glacé) qui n’aura servi, lui, qu’à tenter de discréditer la gestion «BOSA».

Loupé ! Nous étions un certain nombre à clamer « Attention ! C’est le COUP de l’héritage ! » (et non pas le coût) destiné à masquer des décisions idéologiques et politiciennes à venir : Bannissement de la minorité municipale, suppression des commissions, fin brutale du projet social des habitants, rupture avec le principe de solidarité de l’impôt par l’instauration du principe « consommateur/payeur », sabordage du projet d’aménagement des rythmes scolaires, hausse des tarifs communaux (locations, cautions, cimetière, etc.), engagement d’un mode de gestion « boutiquier » sans prospectives ni perspectives autres que le clientélisme… La liste des avatars est longue et pèsera lourdement sur l’avenir du village surtout pour les moins aisés d’entre nous !

Il faut noter une innovation majeure dans le vote de ce budget 2015 : il a été préparé par l’élue chargée des finances sans débat budgétaire préalable, sans même une élémentaire consultation de sa propre majorité… En toute discrétion…Façon banque suisse quoi !

Bien entendu, fidèle à sa détestable attitude anti démocratique, la majorité n’a pas daigné répondre aux questions des élus minoritaires…Triste dérive autoritariste ! Et on s’étonne après cela que ce blog s’énerve un peu ! Justement à propos d’énervement : prochainement, un nouveau conte (de ceux qui plaisent tant au château !) tentera d’expliquer le budget communal aux enfants. Peut-être cela apportera- t-il également une aide salutaire à certains membres du conseil municipal, lesquels ont paru, m’a-t’ on dit, un peu égarés dans cet embrouillamini comptable. A très bientôt !

Jean-François RICCI

AVERTISSEMENT AUX LECTEURS

Les pages qui suivent contiennent des dessins et des contes satiriques destinés à faire rire ou sourire. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ne résulte pas vraiment du hasard mais laissons place à l’imagination du lecteur et surtout à la liberté d’expression de l’auteur.

Serait-il venu à l’idée de quiconque de reprocher à SIR ARTHUR CONAN DOYLE le fait que SHERLOK HOLMES fume la pipe, à FREDERIC DARD la vulgarité de BERURIER, ou encore à VICTOR HUGO les mauvais traitements infligés à COSETTE par les THENARDIERS ?

Amis lecteurs ne prenez pas trop au sérieux ce qui est écrit sur ce blog, même si son objet principal est de dénoncer l’inadmissible attitude anti démocratique de la nouvelle municipalité de CHAPAREILLAN. Pour défendre les principes républicains, tous les moyens sont bons (y compris la satire et l’humour) tant que la loi est respectée.

Soyons CHARLIE ?

POISSON D’AVRIL

Le royaume imaginaire où je vous emmène était bordé par une grande rivière qu’aucun pont ne franchissait. Le poisson y abondait, on en pêchait, on en vendait, on en fit même le symbole du lieu et une devise « Il est frais mon poisson ! ». Tout en pêchant, les gens se demandaient souvent s’il y avait âme qui vive sur l’autre rive. On appelait : « Hé ho ! Y’a quelqu’un derrière ces roseaux » … L’écho répondait et on s’imaginait, du coup, que le peuple d’au-delà la rivière ne savait que répéter ce qu’on lui criait.

Un été très sec permit, un jour, au seigneur de FERRAILLE de traverser le gué. On appelait ainsi ce potentat d’en face parce qu’il était entièrement revêtu d’une armure en fer avec, accrochés à la ceinture, épée, poignard, fléau d’arme qui, battant contre son bouclier, provoquaient à chaque mouvement un sacré bruit de ferraille ! La police secrète très organisée du seigneur de FERRAILLE lui avait appris que les invasions sarrasines n’étaient plus un péril et que le roi SPAGHETTI avait ordonné le grand retour (Lire le conte de Pâques). Ce danger-là était tout autre mais tout aussi grand, car auréolé de glorieux combats le bon roi règnerait sur la région sans partage. Il fallait s’unir avec la reine SARDINE.

FERRAILLE avait échoué une première fois dans l’affaire à cause d’une distribution de marrons glacés sur laquelle nous ne reviendrons pas (lire le conte de Noël). Il fallait cette fois passer la grande porte de bois et faire sa cour. Le grand gaillard engoncé dans sa tenue guerrière fit le meilleur effet auprès de ces dames (La reine et ses matrones). La reine SARDINE fut particulièrement impressionnée par l’armure (L’effet boîte en fer peut-être ?) et aussi la verve du chevalier qui s’exprimait en ces mots :

« Majesté, je suis venu avec mon grand argentier (Il désigna un petit homme au dos voûté, vêtu d’un costume sombre), si nous faisons alliance vous saurez comment développer la richesse de votre royaume». Adroitement et en homme d’expérience, il venait d’avancer un argument de poids pour sceller un arrangement : l’argent !

L’affaire fut vite entendue, un banquet organisé et au cœur de la nuit, un grand amour naquit entre les deux royaumes. « D’orage point, , mais de coups de foudre plein ! » Telle est la devise des deux rives unies.

Le grand argentier accomplit si bien son ministère que le pays devint un paradis fiscal…Enfin paradis…Pas pour tout le monde. Les matrones imposèrent un mode de gestion autoritaire basé sur le principe du consommateur/payeur. LA CASSETTE fut chargée de la tarification de tout ce qui pouvait se consommer. Tout devint payant même l’air extérieur qu’on respirait. On vit les gens traverser la rue en apnée et ne reprendre leur souffle qu’une fois rentrés chez eux.

Le rire fut taxé car il était considéré comme une perversion. En effet lorsque pris de boisson ou à l’écoute d’une histoire drôle, les gens rient, ils en oublient la peur de l’autorité et la menace qu’elle constitue sur l’existence. Depuis lors, il est resté dans le langage courant des expressions comme « ça paye » ou « il paye » au sujet d’une situation amusante ou d’une personne drôle.

Il y eut un impôt « fumée » fixé selon le volume de panache sortant de la cheminée et le temps qu’il mettait à s’élever dans le ciel. On désigna une matrone, connue pour ses talents d’observation aérienne dus à un port de tête altier, pour inventorier les foyers, les forges, les fourneaux, les incinérateurs à branches, c’était LA CHAUDIÈRE. La moindre fumerole devenait écu dont on bourrait le coffre-fort royal (d’où l’expression « bourrer la chaudière »). Cet impôt était très impopulaire par grand froid, le peuple grondait de colère, on disait « ça fume ! ». On faisait la grève du feu. Cela durait jusqu’à que le froid devienne insupportable. Pour se réchauffer les gens faisaient l’amour (d’où l’expression « les amoureux transis ») et par voie de conséquence, des enfants naissaient.

Mais voilà ! Il y eut aussi un impôt sur les enfants appelé « impôt MAMELLE » du nom de la matrone chargée de comptabiliser les effectifs. Cet impôt-là était complexe, car selon la couleur des cheveux ou des yeux de l’enfant, on payait plus ou moins cher. On sut bien plus tard qu’il s’agissait de privilégier les enfants blonds aux yeux clairs et d’éradiquer les petits bruns aux yeux noirs jugés sournois et paresseux ! Comment naissent les a prioris ethniques ?

On en vint même à faire payer les morts en taxant la surface des tombeaux. Depuis lors on ensevelit les dépouilles des défunts debout (comme les soldats de terre en CHINE) pour qu’elles tiennent moins de place, ce qui leur donne un air moins reposé mais bien plus fière allure lors des sépultures !

Au centre des rues, un large caniveau collectait la pluie tombant des toits, les eaux grasses des ménagères et le contenu des vases d’aisance. On taxa également ce flux au prorata des quantités rejetées. Comme il était peu ragoûtant de mesurer le volume des rejets de chacun, on fixait le montant à payer en fonction de la distance entre le lieu de la défécation et le bord de la rivière où se déversait le caniveau. Bientôt on vit les habitants en occuper les berges à l’abri de cabanes de fortune (si on peut dire !) et grommeler « l’impôt caniveau…Quelle merde ! ».

L’avantage d’habiter au bord de la rivière était toutefois qu’on pouvait pêcher des poissons depuis chez soi…Mais là aussi une taxe fut levée qui resta en travers de la gorge de chacun…Comme une arrête ! En avril (le 1Er je crois) la reine SARDINE ordonna que chaque nasse, chaque canne à pêche, chaque épuisette rapporte autant en écus qu’en poissons. Les gueux grognaient « quelle morue cette SARDINE ! ». On dissimulait ses prises, on les oubliait, elles pourrissaient, une odeur pestilentielle se répandait (tout comme certains soirs d’élection de nos jours)…La devise du royaume (« il est frais mon poisson ») tomba vite en désuétude. Voilà pourquoi pour expliquer la présence d’un poisson sur les armoiries du royaume, on inventa une vague relation avec le Dauphin de France, pays tout proche. Que de libertés prend on avec l’histoire…

Jean-François RICCI conteur