Archives Mensuelles: décembre 2019

BIENTÔT, LA CAMPAGNE ÉLECTORALE :

« Je ne vous aime pas ! »

« On n’a pas besoin de vous ! Vous pouvez rester chez vous ! ».

Voilà ce que Martine VENTURINI et Anne SULTZER/COCHET, nouvellement élues, ont répliqué à Daniel BOSA lorsqu’il s’est présenté en mairie, au lendemain des élections municipales de 2014, pour procéder à la traditionnelle « remise des clefs de la mairie ». La tradition républicaine voulait pourtant, jusqu’à ce jour-là, qu’au lendemain des élections municipales s’instaure la concorde, le maire sortant informant son successeur sur les affaires en cours.

L’ancien maire battu comprit alors, de la manière la plus irrévérencieuse, que le mandat qui débutait serait brutal :

Suppression des commissions municipales, rejet des élus minoritaires, manigances pour empêcher la participation des élus d’opposition aux commissions intercommunales, empêchement de tout débat au conseil municipal par des invectives envers quiconque pose des questions, opacité du centre de décision… La stratégie de la nouvelle municipalité n’a pas tardé à se dévoiler. Un véritable fonctionnement totalitaire s’est mis en place dans notre commune. Celle-là même qui connût, pourtant, l’exercice de la démocratie locale la plus active et la plus éclairée.

Alors, bien-sûr, les cinq élus d’ENERGIES CHAPAREILLAN, devenus minorité municipale bannie, ont protesté, saisi la Commission pour l’Accès aux Documents Administratifs, interpellé le Préfet de l’Isère sur une situation que la loi électorale n’avait pas anticipé. Ne représentaient-ils pas 46,58 % des électeurs ? Ne méritaient-ils pas le respect dû à tout élu par le suffrage universel ? Les habitants du village ne seraient donc pas représentés et considérés équitablement ?

C’est là que les mensonges municipaux ont commencé :

Il y a eu d’abord les mensonges mesquins : Justifiant ces actes antidémocratiques majeurs, deux tous nouveaux élus de cette toute nouvelle majorité ont prétendu ne pas avoir pu disposer d’un local communal ni s’exprimer dans le bulletin municipal lorsqu’ils étaient eux-mêmes élus minoritaires entre 2001 et 2008 sous le premier mandat de Daniel BOSA. Voici les preuves de leurs mensonges :

Le bulletin N°5 (juin 2001) de l’association « CHAPA autrement » invite les habitants à des permanences se déroulant tous les samedis de 10 heures à midi, salle d’animation de la bibliothèque.

Les bulletins municipaux N° 137, 138 et 139 de l’année 2003 contiennent une tribune libre publiant l’expression de « CHAPA autrement ».

Il y eut, aussi, la grande duperie de l’héritage : Notre commune ruinée, l’audit tronqué confié au maire adjoint chargé des finances de PONTCHARRA, il ne restait plus qu’un Euro en caisse, nous n’avions plus de capacité d’emprunt jusqu’en 2020… 432 000 € empruntés dès 2015 ! Une micro-centrale hydroélectrique de 3 millions d’€, La crèche/garderie, le parc du loisir, réalisés ! La couleuvre à faire avaler aux contribuables était tellement grosse que deux élus chargés des finances en ont démissionné !

« Rien de très intéressant dans toutes ces vieilles histoires !» me diront ceux d’entre vous pour qui je passe probablement pour un vieux râleur attaché aux combats du passé. Mais, comme il est coutumier de le dire quand on est lucide : « Qui oublie son histoire s’apprête à la revivre ! ». Il me semble donc important à la veille des prochaines élections municipales d’informer les nouveaux venus au village sur notre histoire et de rafraîchir la mémoire de ceux qui voudraient bien qu’on en oublie les épisodes les moins glorieux !

Depuis la libération, les maires et les municipalités se sont succédé, de tous bords politiques, avec un phénomène récurrent, toutefois : Tous les candidats qu’il m’a été donné de connaître et qui se prétendaient « apolitiques » (ce qui constitue déjà une incohérence quand on brigue un mandat électoral) ont appliqué des méthodes autoritaires et bafoué la démocratie locale. Cette affirmation est-elle un parti pris ou une réalité ? Pour le savoir, plongeons-nous dans la petite histoire contemporaine de nos élections municipales, celle dont je peux témoigner pour l’avoir vécu.

En 1977, un jeune stéphanois nouvellement installé à Chapareillan, employé par la SNCF de CHAMBÉRY, syndicaliste, adhérent au parti communiste, parent d’élève très actif, prend la tête d’une Liste d’Union Démocratique constituée de chapareillanais lassés par 18 années de municipalités BETHOUX (André BETHOUX, directeur de l’école publique et Maire de 1959 à 1977). Il emporte le scrutin grâce à la présence de trois listes au premier tour. Deux d’entre elles fusionneront au second tour sans succès (« Liste d’entente communale et de défense des libertés » et « Liste d’union pour la gestion moderne d’une commune rurale »). Ce jeune nouveau maire s’appelle Jean EHRARD, il s’appliquera à veiller scrupuleusement au respect de la minorité municipale, invitant notablement les représentants de toutes sensibilités politiques, de tous âges et de tous les quartiers à participer aux instances communales. La commission des impôts, par exemple, devait absolument être représentative de la population et de sa diversité afin d’éviter toute suspicion de favoritisme. Les commissions municipales étaient ouvertes à tous les élus. Des commissions extra-municipales intégraient les habitants qui souhaitaient s’associer au travail municipal. Les parents d’élèves, autre exemple, ont eu la charge de créer le service de restauration scolaire. C’était il y a 40 ans… C’est dire si la municipalité VENTURINI avec sa commission des impôts surnommée « commission cousins/cousines » et ses groupes de travail fantomatiques, nous a offert un sacré plongeon dans le passé en supprimant, de surcroît, les commissions municipales en 2014 !

En 1983, malgré un brillant mandat qui vit les débuts de l’intercommunalité et, entre autres réalisations, la construction de la salle polyvalente, la seconde liste d’Union Démocratique menée par Jean EHRARD remporte 8 sièges dès le premier tour. La liste « CHAPA 2000 » formée par Christian CASSET, fait élire trois candidats au premier tour et huit au second, elle est majoritaire. C’est là que nous avons vécu les premières restrictions concernant la participation des élus de l’opposition. Le nombre de postes réservés aux élus minoritaires dans les commissions étant strictement limité à un seul siège. L’opposition proteste, la situation s’envenime et provoque même la démission de Sept conseillers municipaux. J’étais alors président de la M.J.C. de Chapareillan et cofondateur du Judo Club avec trois vieux copains amateurs de cet art martial. Je me rappelle que le soutien municipal à cette activité associative a été conditionné à mon retrait de l’association. Opposant trop virulent, ayant soutenu le maire sortant, je devais être écarté !

1989, année du bicentenaire de la Révolution Française, le vent républicain souffle fort ! La troisième Liste d’Union Démocratique emmenée par Jean EHRARD reconquière la totalité des 19 sièges dès le premier tour. Il faut dire que la municipalité sortante, sous la pression du monde agricole, s’était fourvoyée dans un projet de porcherie industrielle dénoncé par l’association écologiste « Vivre à Chapareillan ». La liste « Entente et ouverture » menée par le maire sortant, n’aura aucun élu. En l’absence d’opposition, il est alors décidé d’ouvrir les commissions municipales aux habitants sur simple inscription en mairie. Il était important que tous les habitants, quelques furent leurs opinions, puissent participer. Cette disposition durera jusqu’en 2014, permettant à des dizaines de Chapareillanais de contribuer librement et avec talent à l’ouvrage commun. Les enseignants et parents d’élèves, par exemple, ont établis le cahier des charges pour la construction de l’école maternelle en 1993 (1ère tranche). Cette commission scolaire là, a également mis fin à la « guerre des écoles » de Chapareillan. En pleine tourmente nationale opposant la république laïque à l’enseignement catholique, nous nous sommes tous assis autour de la grande table en noyer de la salle des mariages, élus, enseignants de l’école publique et de l’école privée catholique, parents d’élèves représentant trois fédérations (FCPE, PEEP, APPEL). Nous avons balayé les ambiguïtés et les discordes dans l’unique intérêt de l’enfant. C’est là qu’est née l’allocation scolaire attribuée aux écoles pour chaque écolier habitant Chapareillan quelque-soit l’école fréquentée. Nous avons clarifié, dans la concorde, une situation obscure qui entretenait depuis des dizaines d’années un climat délétère entre nos écoles. Les crucifix et les portraits de Jules FERRY ont alors rejoint les placards !

En 1995, Une quatrième liste d’Union Démocratique est menée par Christian CUGNIOLIO, retraité d’EDF, Maire-adjoint sortant chargé des travaux. Elle emporte, à nouveau, la totalité des 19 sièges ! La liste « Demain, tous ensemble pour Chapareillan » constituée par Michel CARTIER, viticulteur, n’a aucun élu. C’est le mandat des grands travaux : Aménagements de la rue principale, réseaux d’assainissement séparatifs, quartier de l’ancienne fruitière, rénovation de l’ancienne gare du tramway, etc. Commissions et groupes de travail foisonnent, on y compte jusqu’à 100 habitants. Autres exemples : les assistantes maternelles constituées en association posant les bases du projet « petite enfance », un diagnostic partagé par 180 personnes initiant le projet social des habitants.

2001, Maire adjoint sortant, je suis à la tête de la cinquième Liste d’Union Démocratique qui emporte 12 sièges sur 19 dès le premier tour. Je suis victime, les élus sortant avec moi, de « coups de crayons » caractérisant les scrutins nominatifs d’antan. Une « Liste d’union pour Chapareillan » est menée par André MAGNE. L’association « CHAPA autrement » sévit depuis quelques mois à grand renfort de tracts polémiques, procédures et recours en tous genres. Elle forme la Liste « CHAPA autrement » et place sept candidats au second tour. C’est au cours de ce mandat particulièrement agité par une opposition très virulente que Daniel BOSA et son équipe municipale montrent une grande détermination à accueillir, malgré tout, les élus minoritaires dans les commissions municipales en veillant toutefois à ce qu’ils n’y soient pas majoritaires. Il met à leur disposition un local communal pour y tenir des réunions et permanences et ouvre les colonnes du bulletin municipal à l’expression libre de l’opposition (C’est sur cette situation que deux élus mentiront 13 ans plus tard dans l’espoir de notre perte de mémoire ! Les archives, heureusement, établissent la vérité). Pendant que l’opposition s’agite, les grands projets continuent d’avancer avec la participation libre des habitants : Agrandissement de l’école maternelle, maison de l’agriculture, extension de la zone d’activités, projet de micro-centrale hydroélectrique, etc. Le Plan Local d’Urbanisme, autre exemple, est issu de plus de 50 réunions associant les habitants. La qualité de ce travail a d’ailleurs fait récemment l’objet, du seul commentaire positif connu sur les anciennes municipalités par nos édiles actuels.

Lors des élections suivantes, la liste « ENERGIES 2008 » menée par Daniel BOSA investit la totalité des sièges dès le premier tour. La stratégie agressive de « CHAPA autrement » usant des pires procédés (dénonciation calomnieuses, utilisation de la rumeur…) n’aura pas payé : Deux élections perdues ! Cette association disparaîtra sans que notre communauté ne la regrette. Les commissions municipales et les nombreux groupes de travail restent ouverts aux non-élus. La commission scolaire pose les bases du grand chantier de l’école élémentaire publique. Les chapareillanais fondent « La Maison des habitants » avec un financement conjoint de la commune et de la caisse d’allocations familiales. Une étude d’urbanisme pour la requalification du centre village est engagée sur un véritable mode participatif, la toute récente réalisation du parc de loisirs en est issue. Les grands projets, réalisés actuellement ou en cours de réalisation, ont tous été générés par ce travail collectif n’excluant personne (micro-centrale hydroélectrique et halte-garderie particulièrement).

C’est alors que survient la victoire électorale surprenante mais indiscutable de la Liste « Chapareillan 2014 » formée par Martine VENTURINI/COCHET. La liste « ENERGIES CHAPAREILLAN » remporte 5 sièges sur 23 au bénéfice du pourcentage de voix obtenues dans le cadre du scrutin de liste, nouvellement instauré par la loi électorale dans notre commune. Ce mode de scrutin présente deux intérêts : imposer la parité hommes/femmes et instituer une opposition municipale. Ce que la loi n’a pas prévu en revanche c’est d’instaurer des règles qui permettent aux élus minoritaires d’accomplir leur mandat et d’être respectés. Sabordage de la Maison des Habitants avec licenciement du personnel, arrêt du projet « jeunes » les renvoyant sous les abris bus, suppression du service municipale de portage des repas au domicile des personnes âgées, disparition des commissions municipales, ostracisation des élus de la minorité, intrigues pour les empêcher de participer aux commissions de la communauté de communes, mensonges éhontés sur la situation financière de la commune, stigmatisation de certaines associations considérées comme « d’opposition » … La démocratie locale laisse la place à un autoritarisme véhément, muselant tout conseiller municipal qu’il soit de la majorité ou de la minorité. Les élus qui durant ce mandat ont osé prendre la parole au conseil municipal, sans y être invité, se comptent sur les doigts d’une main et certains l’ont payé cher, d’autres ont démissionné dont une adjointe chargée des finances tant il ne fût pas facile d’assumer la propagande municipale mensongère !

Il peut paraître évident, pour tout béotien peu soucieux de l’éthique, que gérer une commune en s’épargnant d’organiser des commissions municipales et en esquivant tout débat avec les élus minoritaires, soit moins compliqué que d’animer une vraie démocratie locale dans le respect de toutes les composantes sociologiques de notre communauté. « Plus on est nombreux autour d’une table, moins on avance ! » clamait un ancien élu ayant sévi dans la commune entre 1983 et 1989. Mais c’est faire fi de l’histoire de notre village et bafouer l’esprit de notre constitution républicaine.

Les questions qui se posent alors sont :

  • Cette attitude est-elle motivée par l’incapacité de cette municipalité à animer la démocratie locale ? Cela requiert effectivement une vraie compétence et nombreuses sont les municipalités de droite comme de gauche qui s’y « cassent les dents ». A-t ’on cherché à dissimuler ainsi les points faibles d’une nouvelle équipe très inexpérimentée en gestion de projets collectifs, associatifs autant que communaux ?
  • S’agit-il plutôt d’une stratégie d’élimination de toute forme d’opposition, motivée par une idéologie autoritariste soucieuse de conserver la commune dans un creuset partisan ? On sait que les appareils politiques s’intéressent de très près aux élections municipales et on ne manque pas d’exemples du fort soutien apporté à certaines têtes de listes par de grands élus locaux au destin national (Exemple d’Alain CARIGNON, alors Maire de GRENOBLE, futur ministre, jeune loup du R.P.R. , accompagnant François VANDEVENTER, à l’époque conseiller général du canton, à la rencontre de Chapareillanais « autour d’un verre » lors de la campagne de CHAPA 2000 en 1983.) De quel parti politique notre actuelle maire a-t ’elle reçu le soutien et les consignes tout en s’affirmant apolitique ?
  • Que peut bien cacher ce fonctionnement occulte ? Une équipe municipale n’a pourtant rien à dissimuler aux habitants. Le droit de regard des citoyens sur la gestion communale est inscrit dans le préambule de la constitution. L’empêchement de tout débat au conseil municipal est donc une faute majeure !

Privilégier l’exercice de la démocratie n’est pas qu’une question d’idéologie même s’il apparaît clairement, dans notre propre histoire, que les maires de gauche (ou assimilés) ont montré moins de difficultés à faire participer les habitants à la vie communale que les autres (de droite et « apolitiques »). La démocratie participative est inspirée par le pragmatisme :

  • Plus les jeunes sont occupés à réaliser des projets collectifs intelligents, moins ils incendieront de poubelles un soir d’Halloween et plus il y a de chance pour qu’ils deviennent des citoyens concernés par la cause commune.
  • Plus les habitants sont associés à la vie municipale, plus la conscience de l’intérêt collectif prend le pas sur la tendance au repli sur soi et moins il y a de râleurs concentrés sur les crottes de chiens, les haies mal taillées, les voitures qui roulent trop vite, etc.
  • Plus on mobilise d’énergies autour des projets municipaux, plus ils ont de chances d’aboutir et de répondre aux vrais besoins des habitants, moins il est à craindre que sorte du chapeau d’un magicien seul en scène, plutôt qu’un lapin blanc, l’un de ces projets coûteux et inutiles n’apportant pas de réponses aux demandes des chapareillanais (espaces de coworking au plateau de la puce par exemple).

Démocratie, solidarité, « encore des trucs de gaucho ! » me direz-vous. On voit bien, pourtant, dans l’actualité, si vorace en faits divers, que la ghettoïsation sociale génère des troubles. Abandonnés par l’état et par le système économique, les exclus finissent par se révolter. Il en va de même pour ce clanisme municipal ostracisant, à la fois, les élus de la minorité municipale et les habitants qui les ont soutenus. La discorde règne alors plutôt que la concorde. Notre avenir, compromis par les menaces environnementales et sociétales, dépend pourtant bien de notre capacité à être solidaires et tolérants. Cette richesse-là est inépuisable ! Qu’en a-t ’on fait ? Quel grand projet fédérateur sortira de ce mandat ?

Je fais le pari alors, malgré le vote massif des électeurs Chapareillanais portant Jordan BARDELLA (RN) en tête des élections européennes, que les prochaines élections municipales renverront chez eux les élus menteurs et dénués de morale républicaine. Faisons-en sorte que plus jamais une nouvelle élue ne se permette de jeter au visage du maire sortant ayant consacré 20 ans de sa vie, en toute probité, à la cause commune et collective : « Je ne vous aime pas ! On n’a pas besoin de vous ! Vous pouvez rester chez vous !

Jean-François RICCI