Archives Mensuelles: mars 2015

Bureau de vote : Quelques signes d’impatience !

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Conte de Pâques : LE GRAND RETOUR

On se souvient qu’à Noël, l’union entre la reine SARDINE et le seigneur de FERRAILLE n’avait pu se conclure à cause d’une distribution de marrons glacés. A la chandeleur, les matrones avaient échoué dans la confection de crêpes.

Voici qu’arrive PÂQUES et la suite de l’histoire du royaume imaginaire où je vous emmène :

La guerre contre les invasions sarrasines battait son plein. Le roi SPAGHETTI se couvrait de gloire dans des combats épiques dignes des plus preux chevaliers. Un soir de bataille, il défila dans son campement, chevauchant fièrement son noir destrier. Deux soldats à ses côtés tenaient bien droites les hampes de deux étendards :

Le premier, saisi à l’ennemi, était rouge et orné d’un sabre doré en forme de croissant de lune.

Le second était jaune et bleu, orné d’une clef et d’un poisson. La clef parce que le château du roi SPAGHETTI était situé à l’entrée d’une vallée profonde et luxuriante, il en était la porte. Le poisson parce-que les rivières et les étangs du royaume en regorgeaient et qu’on en faisait un fructueux commerce. La devise du royaume était d’ailleurs « Il est frais mon poisson ! ».

Ce soir-là, au bord de l’épuisement, pris de doute, sa majesté interrogea son ordonnance le père abbé MARCUS (Il était de bon ton, à cette époque, de se faire seconder par un ecclésiastique) : «Pourquoi cette guerre ?» MARCUS répondit : «Je ne le sais, Majesté, nul ne le sait plus ! Le sut-on seulement ?»

Un vieux sage aux yeux clairs, à la barbe éparse, le cheveu de plus en plus rare, ancien ermite ayant vécu dans des cavités sous les falaises de nos montagnes (ce qui constituait un excellent poste d’observation) fut consulté. On l’appelait affectueusement MONKIKI. A force de méditation et d’observation, il était devenu un expert en histoire locale et en patrimoine.

« Dis-nous, MONKIKI pourquoi fait-on la guerre aux sarrasins ? »

«La guerre débuta un jour de grand-messe » Répondit-il, posant sa guitare contre un arbre. « Mais laissez-moi vous conter l’histoire dès son début ». MONKIKI était toujours un peu long dans ses narrations, le roi SPAGHETTI soupira et prit patience, craignant de s’endormir avant la fin du récit :

« Les Sarrasins débouchèrent d’un col de montagne un matin brumeux. Leurs silhouettes se détachaient dans le halo du soleil levant. Chevauchant d’énormes animaux munis d’une longue trompe à la place du museau (on sut bien plus tard qu’il s’agissait d’éléphants), vêtus d’étoffes chatoyantes, la tête couverte de casques dorés étincelants en forme de cloches, ils progressaient pacifiquement dans nos contrées, annonçant leur arrivée en soufflant dans de petites cornes en os (on sut bien plus tard qu’il s’agissait d’olifants), échangeant des épices colorées aux senteurs capiteuses contre du pain, des tissages aux fils d’or contre des paniers en osier, de fines savates en cuir contre de robustes sabots de bois.

Leur langage incompréhensible était illustré de gestes qui permirent très vite de communiquer : le doigt majeur de la main tendu vers le ciel semblait dire « bonjour », la main gauche frappant le creux du bras droit « Je suis d’accord », la main gauche bien à plat tapant sur le poing droit fermé comme s’il tenait une fleur « Nous allons faire du commerce ». On leur signifia de cesser leur voyage, en balançant les bras légèrement pliés d’avant en arrière de chaque côté du corps «installez votre campement ici », le poing fermé s’agitant devant la bouche d’avant en arrière pendant que la langue tapotait l’intérieur de la joue «buvons et mangeons ».

Les Sarrasins dressèrent des tentes de toiles écrues tendues avec des cordages de chanvre sur des branches de noisetier (Certains de ces emplacements, devenus des hameaux, s’appellent encore aujourd’hui « Les Sarrasins »). Nos femmes, attirées par ces fiers et beaux guerriers basanés, eurent des relations amoureuses. Nos ancêtres n’assistaient pas aux ébats, ils les toléraient car la survie de l’espèce prévalait sur tout principe moral. C’était la stratégie du vagin qui évitait que le sang coule (stratégie toujours en vigueur aujourd’hui où la copulation fait souvent office de gouvernance). Après plusieurs mois, on vit naître de beaux bébés dodus et dorés comme des brioches avec des cheveux ondulés d’un beau noir de jais (Oh ! combien de nos congénères portent-ils encore ce bagage génétique !).

Les Sarrasins observaient un rite quotidien, agenouillés vers le soleil levant, se penchant vers l’avant le front posé à terre, se relevant, psalmodiant des paroles incompréhensibles…Visiblement ils priaient. On sut que leur dieu s’appelait MOMO !

Nos rites religieux étaient plus vivants et nettement plus démonstratifs. D’énormes pierres dressées dans une clairière formaient un cercle au sein duquel on allumait un grand feu, on buvait, on mangeait, on chantait, la messe quoi ! Nos dieux à nous étaient plus rigolos (Souvent les dieux ressemblent à ceux qui les vénèrent) et carrément liés aux circonstances de la vie quotidienne : Amphore, andouille ou fesse selon si l’on avait soif, faim ou mal au cul. Un druide prodiguait des soins à base de plantes et des conseils avisés, il ponctuait les cérémonies de grands coups de bâton sur une barre de fer suspendue à un arbre.

Les Sarrasins se plaignirent du bruit et des odeurs (Il faut dire qu’on profitait des grands feux pour incinérer nos déchets et parfois mêmes nos cadavres d’animaux, combustible bon marché mais malodorant). Forniquer avec nos femmes d’accord, mais critiquer nos cérémonies pas d’accord ! On se disputa, on s’empoigna par le col et très vite ce fut la bagarre… Ainsi débuta la guerre et voilà pourquoi depuis des années on repousse les Sarrasins hors de nos frontières ».

«Foutre dieu ! » dit alors le roi SPAGHETTI sans crainte du blasphème « Les frontières du royaume sont largement dépassées, nous sommes même installés sur les terres sarrasines depuis belle lurette, nous cueillons leurs fruits, nous trayons leurs chèvres, nous mangeons leurs galettes, nous avons dressé en cercles des grosses pierres dans leurs clairières et même adopté leurs casques en formes de cloches pour remplacer nos bonnets de cuir… Il faut arrêter la guerre et retourner chez nous » «Et retrouver nos femmes !» crut bon d’ajouter le père abbé MARCUS (dont la chasteté n’était pas la qualité première !).

C’est ainsi que le roi SPAGHETTI ordonna le GRAND RETOUR, regroupant ses soldats en tenue d’apparat, la tête couverte du casque traditionnel sarrasin en forme de cloche. En rangs ordonnés ils rebroussèrent chemin, marchant d’un pas hardi, tout joyeux de rentrer au pays.

Sur le chemin, les gens voyant la troupe s’écriaient : « Les cloches sont de retour !». Les lapins dérangés dans leurs occupations printanières (la copulation) fuyaient à toutes pattes, les poules effrayées abandonnaient leurs œufs au bord du chemin, dans les rivières et les étangs les poissons sautaient si haut qu’ils en éclaboussaient les berges… En souvenir du GRAND RETOUR, les gens du royaume confectionnent, encore de nos jours, des friandises en chocolat en forme de poisson, d’œuf, de poule, de lapin ou de cloche… Comment naissent les traditions…

Dans le prochain épisode (à la Pentecôte ou pour l’Ascension) :

Le seigneur de FERRAILLE fait sa cour…

Jean-François RICCI

LA HONTE !

Cela s’est passé vendredi 27 février en soirée, à la mairie de Chapareillan.

La municipalité recevait les habitants de mon quartier et des quartiers voisins pour un échange essentiellement consacré à des questions de crottes de chiens, de haies mal taillées, circulation routière, éclairage public, etc…On appelle cela une réunion «caniveau »…

Il a pris la parole :

« J’veux pas paraître raciste mais quand on importe des gens d’ailleurs on a des problèmes ! »

On « IMPORTE  DES GENS D’AILLEURS », comme s’il s’agissait de marchandises…Mais de qui parlait-il ? De régimes de bananes, de babouches en cuir, de jouets en plastique pas cher ? Non ! Il parlait des nouveaux habitants, comme il le fut probablement lui-même, de ces gens qui souhaitent un logement accessible décent dans un village sympa où l’on peut inscrire ses enfants dans de belles écoles, se balader dans les bois le dimanche, voir depuis sa fenêtre la Chartreuse ou les Belledonnes, partir au boulot, vivre quoi !

Les voilà, ces gens d’ailleurs qui posent des problèmes tels que le quartier est surnommé CHICAGO ! Il est même question de bruits et d’odeurs  comme le dérapage verbal de CHIRAC resté dans les mémoires.

La voilà, la parole haineuse et vénéneuse sans considération pour l’humain, la même voix qui souhaite porter le Front National au pouvoir. La voilà, la xénophobie enfin proclamée en réunion publique dans la maison de la république. La voilà déclarée, cette accoutumance à la peste brune généralisée car personne, ce soir-là, ne l’a contredit…Même pas moi et j’en ai honte, alors que c’est cet individu qui devrait avoir honte ainsi que ceux qui ont acquiescé d’un hochement de tête.

Ce blog ne cesse de sonner l’alarme, la tentation du vote à l’extrême droite n’est pas le fruit du mécontentement ou du dégout des politiques mais bien de la xénophobie.

Levez-vous ! Italiens, Espagnoles, Magrébins, Africains, Dauphinois pur jus… Notre village a toujours permis à chacun de vivre en harmonie quelle que soit son origine, ne laissons pas la haine gouverner, accueillons les nouveaux habitants comme cela se faisait tous les ans, échangeons, saluons nous, respectons nous…

Jean-François RICCI