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Conte : Le caucus de la Saint Pompont

Ce royaume est prospère, il se dit même dans les chaumières qu’il est des plus florissants sur terre. Son histoire et sa culture rayonnent sur l’humanité tout entière. Dans ses vallons verdoyants paissent d’opulents troupeaux. Sur ses coteaux dorés pousse un fabuleux vignoble. De vertigineuses cimes enneigées saluées tous les matins par un soleil radieux, d’impressionnantes demeures fortifiées surplombant de beaux villages fleuris, étangs et lacs poissonneux, rivières paisibles aux berges verdoyantes, forêts grouillantes de gibier, rien ne semble manquer aux sujets de ce royaume.

Chaque année, la fête du solstice d’hiver rend grâce au jour grandissant, toutes sortes de festivités ont lieu :

Les enfants sont invités à la chasse aux étoiles, de petites friandises à cinq branches constituées de pain d’épices recouvert d’un fin glaçage de sucre blanc que l’on a dissimulé dans les bois. Ils courent dans la chênaie, criant, sautant, faisant voler les feuilles mortes et rouler les glands sous les semelles de leurs galoches. C’est un beau jour d’hiver, froid et sec, que rien ne peut troubler sauf la joyeuse sarabande qui envahi le sous-bois l’emplissant de rires et de cris. On n’aperçoit plus que les bonnets et les écharpes rouges, verts, jaunes sautillant sous les fourrés comme une nuée de ballons de cour d’école qui dévaleraient le petit chemin à grands rebonds.

Les hommes ont allumé un grand feu de branches mortes collectées dans les bois. On y a posé un énorme chaudron en fonte. Pommes de terre et saucisses y mijotent dans un bain de ce vieux vin que l’on ne boira pas, tant le goût de bois du tonneau y domine. On se regroupe autour de la gamelle. Pierre goûte la sauce avec l’index : « mets donc une poignée de gros sel », dit-il. Paul s’exécute, nul ne remettant jamais en cause les jugements gustatifs de cet ancien soldat qui fût chargé du rata de la troupe durant plusieurs campagnes guerrières. Jean goûte à son tour, il suce son doigt, fait claquer sa langue sur son palais. Chacun sait qu’il ne contredira pas la sentence de Pierre mais fera une autre proposition agrémentant la recette ancestrale de ce plat traditionnel. « Une branche de laurier et quelques feuilles de sauge feraient du bien à la pitance ». Paul ficelle adroitement un bouquet de plantes aromatiques et jette le petit fagot dans la marmite. On décide alors de se divertir le gosier tant la tension des derniers instants vécus fût forte : « Le feu prendra-il ? La gamelle aura-t ’elle été retrouvée par Luc dans le foutoir de sa grange ? Les ingrédients seront-ils de qualité et en quantité suffisante ? » Après tant d’angoisses, une bonne rasade est la bienvenue et voilà le goulot d’une fiole de vin blanc qui passe de lippe en lippe.

Pendant ce temps-là, les femmes veillent au grain. La marmaille éparpillée dans le bois à la recherche de friandises pourrait bien réserver surprises et avatars. Quelques cris et pleurnicheries se font d’ailleurs entendre : « Quelque grand dadais aura chipé la trouvaille d’un petit » dit la Jeanne. « L’un d’entre eux sera plutôt tombé ! » s’inquiète la douce Marie. Toutes feignent la quiétude tant cette tradition de la chasse aux étoiles, réservée aux enfants dont on aimerait qu’ils deviennent autonomes, est coutumière. Mais on sent bien que la peur du bobo domine la crainte de l’échec dans ce redoutable rite initiatique adoubant l’enfant, jusque-là choyé au foyer, en gardien de troupeau, glaneur de grains, quêteur d’eau ou apprentis soldat.

Les enfants se déchainent, tout est propice à la joie, l’exubérance, l’excitation. Tous savent que leur statut dans la hiérarchie enfantine de la contrée dépend de leur talent à découvrir et collecter les friandises. Les plus costauds ne rechignent pas à la bousculade, les plus fins emploient la ruse, les plus doux baguenaudent gaiement, ceux-ci profitent de cet unique moment de liberté dans les bois comme d’une aventure, ceux-là se renfrognent et râlent contre les plus grands, les parents, le temps, tout ce qui peut porter la responsabilité de leur mal-être passager. Il en est ainsi de la gente infantile, reflet en modèle réduit, de ce qu’elle sera une fois adulte.

Une trompette se fait entendre et semble sonner le rassemblement. Tout le monde sait que la fête doit finir et que l’heure est venue d’évaluer les mioches. Des notables se présentent en tenues sombres et soignés. Ils s’alignent en deux files formant une haie d’honneur. La souveraine du lieu, la reine Sardine, s’y engage portée sur un large pavois de bronze par six courtisanes ployant sous la charge et veillant à ce qu’aucun faux pas ne déséquilibre le périlleux équipage.

Les bambins se regroupent alors et montrent fièrement le fruit de leur récolte à la reine. Ceux-là représentent l’avenir du pays tant ils ont les bras chargés d’un butin gourmand, ceux-ci formeront l’arrière garde à la vue de leur maigre récolte, de ceux qui n’ont rien trouvé on fera des soldats destinés à constituer la piétaille. Le petit LULU ayant dévoré goulûment tout ce qui lui tombait sous la main deviendra cuisinier… La reine scelle ainsi la destinée de chaque enfant, à l’occasion de la fête du solstice, selon la collecte plus ou moins abondante de friandises en forme d’étoile. Pères et mères acceptent la sentence sans ciller, la contrée vivant depuis des années sous la menace constante du courroux de cette reine autoritaire.

Afin d’essuyer les frustrations des uns et calmer les ardeurs vaniteuses des autres, la reine clame de sa voie forte : « J’offre le vin et la galette ! » déclenchant des cris de joie. Tout le monde se met alors à boire et à manger, autour du grand feu. On s’embrasse, on se souhaite une bonne année, on se gave, on se saoule un peu, on se prend la main pour faire la ronde, on chante, on communie. Plus tard les plus hardis se lancent le défi de sauter par-dessus le brasier, l’esprit de confrontation revient. Immanquablement, au cœur de la nuit, les moins raisonnables, pris de boissons, s’insulteront, s’étriperont même, cherchant parfois la justification de leurs excès dans les plus lointaines histoires de familles du village, tel grand-père avait failli devant l’ennemi, tel grand-oncle avait omis de payer son tribut, tel enfant, issu d’une coupable étreinte, ressemblait-il de plus en plus à son vrai père, etc. etc. Il est bien plus facile, le vin aidant, de trouver des arguments pour chercher querelle plutôt que des raisons d’établir la concorde.

On voit, au loin, une troupe qui guette et feint de s’occuper à diverses tâches tout en veillant à ne rien perdre de l’événement. Ce sont les bannis, ceux dont la reine pense qu’ils ne se plieront jamais à son dictât et qu’on écarte de la vie de la contrée sous différents prétextes : Maladies infectieuses, pensées malsaines, hygiène douteuse, physique disgracieux, âpreté au gain… Tout est bon à dire quand il s’agit d’ostraciser des indésirables et instaurer un régime totalitaire !

De retour dans son château blanc, postée sous le clocheton abritant la cloche d’alarme, la reine Sardine observe, au loin, les silhouettes de ses sujets s’agitant autour du feu de joie comme un tumultueux théâtre d’ombres. « Cette troupe est à ma botte » se dit-elle « Que les gueux fulminent, tant que les bourgeois prospèrent, je tiens les rênes du pouvoir ! Les enfants pas plus que leurs parents ne méritent un autre traitement que la sélection par l’ardeur et le courage. Qu’ils se cognent ou se blessent, ils n’en deviendront que plus adroit. Qu’ils connaissent la privation et le jeun, ils apprécieront d’autant plus le peu qu’on leur laissera ! Demain sera le jour du caucus de la Saint POMPONT. Sous les remparts du château, l’esplanade est vaste. On y accueillera les gens pour qu’ils m’apportent leurs voix ». Traditionnellement en effet, au terme de chaque saison, à la date du solstice, tous les habitants de la contrée engagent une sorte de déambulation lente et silencieuse, un étrange cérémonial destiné à indiquer à la souveraine si le peuple est satisfait de son administration. D’abord silencieux, les gens se mettent à échanger et à débattre. Lorsque la trompette retentit, ils crient où ils se taisent. Selon la clameur ou le silence, la reine sait si le peuple approuve ou désapprouve sa politique : « Peu m’importe leur avis ! » pense-t ’elle avec une moue ironique : « tant qu’on leur donne cette occasion de l’exprimer, ils me laissent en paix pour la saison qui vient ! »

Ce récit n’est évidemment qu’un conte, nul ne peut imaginer, en effet, un pays dans lequel gouvernants et souverains statueraient sur le sort de chaque individu en fonction de sa faiblesse ou de sa force. Nul ne peut douter non plus de l’intérêt des scrutins. Une société guidée par la recherche du profit qui mettrait ses propres enfants en concurrence n’est assurément pas envisageable ? Rassurez-moi ! Les croyances, les philosophies, la solidarité, la fraternité… Tout cela est-il réduit désormais à la compétition entre les êtres, les forts avilissant les faibles ?

Que de questions posées à l’heure où les jours grandissent ! Que d’espoirs formulés les grands soirs d’hiver afin que naissent, au printemps, des matins fraternels et solidaires.

ERRATUM

Il est regrettable que le bulletin municipal de Chapareillan, rendant enfin hommage à un bénévole au bout de six années de mandat, ne commette de telles boulettes.

Monsieur René PORTAY, conseiller municipal, est mis à l’honneur pour avoir consacré 55 années de sa vie de bénévole auprès de la fédération Française de Rugby.

Mais il a été aussi le président fondateur de l’association « CHAPA Autrement » qui nous avait promis un monde municipal meilleur lors de sa fondation et dont l’action a été essentiellement consacrée à essayer d’emmerder les municipalités CUGNOLIO et BOSA par de nombreux recours contre tous les permis de construire qui se posaient (communaux et particuliers), à engager des campagnes de calomnies à l’occasion de campagnes électorales, à perdre deux élections (2001 et 2008) … Etc.

Passer un tel bilan sous silence ! quel manque de considération !

Honteux aussi de taire le rôle essentiel que vient de tenir ce monsieur durant six ans dans la commune en tant que responsable du monde associatif, la plupart des présidents d’associations l’apprenant peut-être par ces lignes tant son action fût discrète voire inopérante !

 

SURTOUT PAS !

Stupeur dans une partie de l’assistance lors de la cérémonie des vœux 2020 de Madame le Maire de Chapareillan en ce début d’année électorale. Présentant aux chapareillanais les adorables bambins du conseil municipal d’enfants, l’édile dit : « Nous apprenons aux enfants les bases de la démocratie… ».

SURTOUT PAS ! Par pitié, Madame le Maire ! Surtout n’apprenez pas à nos enfants les règles de la démocratie ! Pas après ce mandat de six ans où vous avez bafoué les règles élémentaires de la démocratie locale, ostracisé la minorité municipale, supprimé les commissions municipales, transformé le conseil municipal en mascarade, fait peser sur les associations la menace de la disgrâce si elles osaient porter une réclamation, tenté de nuire à vos opposants par des manigances indignes de votre fonction, menti aux contribuables sur l’état des finances communales, etc.

Surtout laissez nos enfants en dehors de tout cela ! Il viendrait à l’idée de quel parent de confier le choix du prénom de son enfant à Éric ZEMOURH, de lui faire expliquer le drame des réfugiés par Marine LE PEN, de laisser son éducation sexuelle aux bons soins de Christine BOUTIN et que sais-je encore ? Il n’est pas imaginable que vous ayez la charge de leur expliquer ce qu’est la démocratie… SURTOUT PAS !

Quel que soit le résultat des prochaines élections, il est souhaitable que le conseil municipal d’enfants perdure et permette de former vraiment ces jeunes à l’exercice de la démocratie en leur montrant, en premier lieu, le bon exemple. Que cette instance éducative, fondée dans les années 2000, cesse surtout de constituer une vitrine masquant les atteintes inacceptables portées à la morale républicaine durant ces six dernières années.