Archives Mensuelles: novembre 2014

« LA GUERRE DE 14 »

Voici que s’achève 2014, année électorale au cours de laquelle la fièvre est montée, année du changement avec la victoire «surprise », dans les urnes, d’une liste née sur la vindicte à l’encontre de la municipalité sortante, ce qui constitue une pratique courante, détestable mais efficace.

2014 sera également l’année de la rupture brutale avec 25 ans de participation de tous les habitants à la naissance des projets communaux. Cela peut paraître anecdotique pour une population globalement habituée à la délégation de pouvoir donnée, lors des scrutins, aux assemblées délibérantes, influencée en cela par des décennies de démocratie représentative. Pour ma génération pourtant (le baby-boom !), guidée par l’humanisme d’après-guerre (plus jamais cela !) et influencée par le vent de liberté soufflant en 68, la volonté de rendre chacun de nous acteur de l’organisation de la vie collective sans distinctions de genre, de condition ou d’origine est non seulement une réelle conviction mais aussi une façon de combattre l’inhumanité du monde moderne ! La démocratie participative n’est pas seulement « un truc de gaucho », c’est le mode de fonctionnement qui permet de responsabiliser chacun sur les décisions communes, de créer du lien, de la convivialité, de diminuer les effets désastreux de l’individualisme consumériste, le repli sur soi.

Depuis 1989, les habitants de CHAPAREILLAN ont pu siéger dans des commissions communales ouvertes aux non élus. Aujourd’hui, les habitants du GRESIVAUDAN siègent encore au conseil de développement intercommunal.

Pour preuve, Chapareillanais, regardez bien autour de nous, au sein même de notre belle commune, les exemples de projets communaux que nous avons souhaités et réalisés :

L’environnement préservé, les zones naturelles, les fleurs rares, les animaux mythiques de CHARTREUSE, c’est à vous écologistes, chasseurs, acteurs économiques, etc… qu’on le doit au terme de débats (houleux parfois !) et de compromis soucieux des intérêts communaux.

La construction des écoles publiques maternelle et élémentaire issues de commissions scolaires ouvertes à la libre participation des parents d’élèves, des enseignants et des habitants.

Les grands travaux d’aménagement (rue principale, réseaux d’eau et d’assainissement, etc…), la rénovation des bâtiments communaux, la mise en valeur du patrimoine ont tous été décidés dans des instances associant librement tous les citoyens.

Le restaurant et la garderie scolaire créés par les parents d’élèves de la F.C.P.E.

La halte-garderie et plus généralement les services à l’enfance créés par les mamans ayant pour cela constitué des associations (Le club des bambins, les culottes courtes, entre autres).

Le centre social, La Maison des Habitants, les centres de loisirs, créés par les habitants.

Ce village est le nôtre, nous l’avons bâti à la suite des anciens, nos prédécesseurs ; sa gestion est l’affaire de tous, notre devoir est de transmettre aux générations futures un patrimoine qui inclut les valeurs humanistes respectueuses de tous. Aucun Chapareillanais ne doit rester sur le bord du chemin.

Tout cela vient d’être balayé d’une main ferme par la nouvelle majorité municipale…Une grande claque dans la gueule ! D’un seul coup d’un seul ! A la suite de quelle réflexion ? De quel débat public ? De quel engagement électoral ?

Alors me direz-vous : « …C’est à chacun son tour de faire ses preuves et de démontrer que d’autres choix sont possibles ! Laisse donc un peu de temps à cette équipe nouvelle et inexpérimentée de s’installer dans la fonction… ».

«…Certes, vous répondrais-je, tout citoyen, parvenant à l’exercice d’un mandat par la voie démocratique du suffrage universel, a le droit de prendre le temps de l’apprentissage, de se former (formations d’élus du CIFODEL par exemple)… ».

Mais alors pourquoi tant de précipitation à casser ce qu’une génération a construit ? Avant même que d’apprendre à faire mieux ou différemment. Pourquoi ces décisions budgétaires précipitées, irréfléchies sur lesquelles on est contraint de revenir (Hausse des tarifs, décuplement des cautions, annonce de la privatisation de l’eau, etc.) ? Et qu’est-ce que c’est que cette haine affichée contre l’ancienne municipalité, ce mépris, ces railleries, ces pantalonnades de fin de conseil municipal ?

On a déjà évoqué dans ce blog l’ostracisme dont est victime la minorité municipale de la part de la majorité. Rien ne justifie un tel bannissement.

Entendons-nous bien : il n’est pas ici question d’un banal clivage COCO / CATHO ou droite / gauche ou Bobos / 3 B (Les 3 B : Je vous expliquerai un jour prochain !). L’affaire est bien plus grave que cela et la cause du problème bien enfouie derrière nos bonnes raisons et nos mauvaises consciences. A l’heure où 25% des Français seraient prêts à confier les rênes du pays à un parti d’extrême droite qui peine à dissimuler ses tendances xénophobes et totalitaires, j’ai la conviction que Chapareillan, village de France comme un autre, s’apprête à revivre des heures sombres et peu paisibles, sans même avoir conscience de répéter l’histoire dans ce qu’elle peut avoir de moins reluisant.

Lorsque l’invective, le mépris, l’irrespect, le rejet de l’autre forment la règle, c’est la démocratie qui est en danger ! Retenons cette leçon que nous ont enseignée nos parents : « La peste brune se répand sans crier gare ! ». Serait-elle en train de gagner la «guerre de 14» ?

L’OSTRACISME

Oyez ! Oyez ! Lecteurs assidus ou occasionnels de ce blog : nous sommes infréquentables !
Il est reproché, par la municipalité de CHAPAREILLAN à sa minorité (les 5 élus d’ENERGIE CHAPAREILLAN) d’avoir de « drôles de fréquentations ». Les fréquentations en question étant le rédacteur de ce blog. On me clouerait bien au pilori ! Ces petites préoccupations pour les personnes chargées de gérer la commune seraient à prendre avec une extrême légèreté assortie d’un sourire narquois mais on se doit quand même de se poser une question :
« Que d’énergie dépensée à tenter de nuire à l’ancien maire et ses amis à l’heure où la gestion communale demande tant d’attention et de labeur ! »
Serait-ce une priorité que de faire disparaître du paysage communal tous ceux qui ne partagent pas l’opinion dominante ? Il est pourtant normal, en démocratie, qu’un débat ait lieu. Affronter la controverse, la contradiction, se justifier, chercher à convaincre l’assemblée qui délibère est même une priorité dans un mandat électif. Amis de la majorité municipale, 46,5% des électeurs chapareillanais n’ont pas voté pour vous… Allez-vous les ostraciser ?
Dans la GRÈCE ancienne, creuset de principes politiques encore en vigueur aujourd’hui pour certains d’entre eux, il existait une règle pour punir les personnes ayant nui aux intérêts de la cité : L’ostracisme. C’était une décision politique enfermant les individus concernés dans un statut de « non-citoyen », ils n’avaient plus aucuns droits et la punition pouvait s’appliquer à leurs familles et à leurs amis. Il y avait une règle encore plus sévère : Le bannissement. Alors là ! Non seulement on devenait un « non-citoyen » mais en plus on était interdit de séjour dans la cité…Reconduit à la frontière en quelque sorte !
Heureusement pour nous, ces règles archaïques, encore en vigueur sous l’ancien régime où il ne faisait pas bon contredire les puissants, sont passées à la guillotine en 1789 sauf bien-sûr, dans leurs versions modernes, dans les pays totalitaires.
Heureusement pour nous également, la gestion des affaires communales de CHAPAREILLAN s’est montrée plutôt exemplaire depuis 25 ans. L’ancienne municipalité n’a donc pas nuit aux intérêts de la cité et ne mérite certainement pas d’être ostracisée ou bannie.
Alors pourquoi tant de mépris, d’invectives, de mises à l’écart, de privation du droit légitime à l’exercice de leur mandat électif à l’encontre des élus de la minorité municipale ?
Une conviction très forte anime ce blog : « Chassez le naturel, il revient au galop ! ». La tentation de punir est malheureusement naturelle, comme la vengeance, la colère, la peur de l’étrange et de l’étranger, toutes sortes de vilénies dont l’humain est capable. Une organisation de vie sociale moderne doit donc se débarrasser de ces sentiments primaires, c’est comme cela que nait la démocratie. Amis de la majorité municipale, il vous faut donc faire un effort ! Admettre la controverse, respecter les règles fondamentales de la République telles que la liberté d’expression dont nous usons dans ces pages !

A l’approche du terme de cette année électorale, il faut admettre qu’une majorité municipale nouvelle consacre quelques mois à l’apprentissage de l’exercice d’un mandat. Nous n’attendions pas, au lendemain de cette élection surprise, une prise en main experte des affaires communales de la part de cette municipalité inexpérimentée. Mais ce qui restera dans la mémoire collective de 2014 comme un fait proprement intolérable, c’est le traitement indigne de notre démocratie dont fait l’objet la minorité municipale.
Formulons donc ces vœux (ou doléances!), pour 2015, en faveur des élus minoritaires :
 Mise à disposition d’une salle communale pour des réunions et des permanences
 Espace d’expression libre dans le bulletin municipal
 Documents, nécessaires aux délibérations du conseil municipal, délivrés à l’avance
 Arrêt des agressions verbales dont les conseils municipaux sont le théâtre.
En revanche, pour ce qui est de la constitution déontologique des instances communales (commission des impôts par exemple), la participation citoyenne à l’organisation de la vie du village (commissions municipales ouvertes aux Chapareillanais depuis 1989, projet social des habitants soutenu par la CAF et la commune, services communaux accessibles à toutes les familles, etc.) il semble bien qu’il faille «s’asseoir dessus » comme sur un trône ressorti des entrepôts les plus poussiéreux de l’Histoire.
Jean-François RICCI