Archives Mensuelles: octobre 2020

LA GLOIRE DES PETOCHARDS

Madame la Maire de Chapareillan réalise, enfin, l’un de ses projets électoraux et il se trouve des râleurs pour protester ! Une promesse électorale plébiscitée par 65% des électeurs (tous majeurs, adultes et responsables, à priori) lors des dernières élections municipales et voilà les contestataires qui déboulent ! Mais dans quel monde vit-on ? Est-il raisonnable de reprocher à Martine VENTURINI de tenir un engagement alors qu’on l’a justement, vertement et abondamment vilipendé pour s’être assise sur son programme électoral de 2014, réalisant celui de Daniel BOSA (ancien Maire de 2001 à 2014) ?

Alors certes, le Français est râleur et on peut tous y aller de ses commentaires dans la pure tradition franchouillarde :

« Comme par hasard ! La vidéo protection, fantasme de la droite dure et de l’extrême droite ! »

Ou alors « 200 000 € seraient mieux investis pour la sécurité des piétons rue de l’épinette ! »

Ou bien encore « Les statistiques démontrent pourtant que ces systèmes ne sont pas efficaces contre les incivilités et les délits ! ». On peut même pousser la démonstration jusqu’à citer NICE, la ville la plus vidéo protégée de France, où l’on n’a pas repéré ce camion meurtrier un certain 14 juillet tragique. On peut aussi demander aux niçois s’ils se sentent mieux protégés que nous, etc.

En fait, la vidéo protection convient aux pétochards ; ça les rassure. Elle convient aussi, assurément, aux vrais malfrats, les vrais méchants, lesquels savent surement se soustraire aux images qui pourraient les confondre tout en continuant à mal agir. « On ne sera jamais aussi malin qu’un malfaisant » aurait dit l’un de mes grands-pères, serviteur de la république dans une école de CORTE.

Ceux qui n’appartiennent ni à la catégorie des pétochards, ni à la catégorie des malfrats, pourraient parler eux aussi : « M’en fous, chez moi y’a rien à voler ! » ou alors « Qu’un intrus s’approche de ma porte d’entrée et je sors le fusil ! » Ou bien encore… « Et elles seront où les caméras, devant la maison de qui, dans quelle rue ? ». Voyez le niveau de réflexion qu’un tel projet peut générer…On vole en rase motte !

Non ! Non et non ! Il est injuste de reprocher à la municipalité d’avoir voté un budget de plus de 200 000 € pour la vidéo protection du village car cela lui ressemble et cela répond à la demande de son électorat : « Madame… Protégez nous ! » comme, en d’autres temps, on eût imploré une sainte. Il est d’ailleurs notable que la première femme maire de Chapareillan depuis l’existence de la commune, après deux siècles de dictat masculin, engage comme premier projet issu de ses propres promesses la vidéo protection ! Tout cela est très maternel, que diable !

Que les minoritaires se taisent alors et qu’ils voient plutôt le bon côté des choses :

Les caméras qu’on installe dans un lieu public sont parfois efficaces. J’ai en mémoire une série de vols s’étant déroulés au cimetière sur nos tombeaux. Plantes et ornements disparaissaient, de nombreuses plaintes parvenaient en mairie. Les élus de l’époque (dont j’étais) avaient fait installer une caméra factice sur les conseils d’un spécialiste (lequel prodiguait des bons conseils plutôt que de chercher à plumer le contribuable !). Eh bien ! Les vols avaient cessé et cela avait coûté quelques centaines d’euros. Personne n’était venu nous reprocher de surveiller les rites funéraires !

Les caméras peuvent ouvrir des horizons à caractère ludique. Elles peuvent, par exemple, servir de cibles à toutes sortes de projectiles (on l’a vu dans certaines communes). J’ai connu un monsieur qui baissait son pantalon pour montrer ses fesses à chaque caméra qu’il repérait (tout ceci n’est, bien-sûr, pas recommandable). Je connais même un citoyen qui parle aux caméras et leur adresse des revendications en leur présentant des pancartes, une nouvelle forme d’expression citoyenne en sorte ! Un bon moyen de faire passer les messages des habitants puisqu’ils ne sont plus entendus nulle part depuis la suppression des commissions municipales !

Pour conclure, quelques questions encore :

Sommes-nous à ce point assaillis par l’insécurité qu’il faille mettre nos espaces publics sous la surveillance d’un dispositif vidéo ? Des statistiques ont-elles été produites ? Si oui, pourquoi le cacher ?

La vie quotidienne des Chapareillanais sera-t ’elle meilleure quand nous serons tous filmés ?

Est-ce qu’on interpellera telle moto qui nous casse les tympans ?

Est-ce qu’on verbalisera tel propriétaire de chien qui ne ramasse pas les crottes gluantes et malodorantes de son clébard ?

Est-ce qu’on aura plus d’instruction à l’école pour nos enfants, plus d’activités culturelles et sportives dans les associations (dont il est question de baisser les subventions !) pour nos jeunes, du travail et des revenus décents pour tout le monde, un environnement protégé, une vie sociale harmonieuse, une démocratie locale retrouvée… A chacun ses préoccupations, vous venez de lire les miennes !

Découvrez-vous, chers lecteurs, que l’autoritarisme est au pouvoir absolu en mairie depuis 2014, toute opposition éradiquée, les élus majoritaires, eux-mêmes, réduits au silence et à une discipline de horde, les règles élémentaires de la démocratie bafouées… Pensiez qu’on pouvait à ce point piétiner la bienséance républicaine et ne pas laisser émerger ses instincts primaires d’ordre et de discipline ? « Que faisiez-vous donc ces six dernières années ? » Dirait la fourmi de la fable à la cigale sa voisine « Vous dormiez ? Hé bien souriez maintenant, vous êtes filmée ! ».

 Le projet de vidéo protection vient d’être voté par le conseil municipal et cela répond à une logique idéologique. L’appareil répressif est en marche à Chapareillan, comme dans l’ensemble du monde occidental. C’est la seule réponse apportée par le néolibéralisme destructeur et dominant au cahot social provoqué par la mondialisation.

La liste est longue de ce que ne nous apportera pas la vidéo protection. Espérons toutefois, qu’un jour prochain, elle serve à réparer une injustice ou punir une infraction, nous chanterons alors la gloire des pétochards !

Jean-François RICCI