Archives Mensuelles: Mai 2020

Le sens de l’humour

Est-il rassurant de constater que nos gouvernants gardent le sens de l’humour malgré la pandémie ?

Édouard PHILIPPE, Premier Ministre, en majestueux père fouettard, remettant en place les commentateurs de bistrot, Richard FERRAND, Président de l’Assemblée Nationale, mettant fin à l’intervention de Jean-Luc MELENCHON par un ironique « C’est vous qui nous achevez ! ». La séance parlementaire de ce 29 avril 2020 était destinée à rassurer les représentants des Français sur le devenir de la crise sanitaire qui nous oppresse. Ce sont la moquerie et les bons mots qu’on leur a jeté au visage !

Ce gouvernement-là ne peut pourtant pas s’enorgueillir d’avoir été à la hauteur de la crise. Déclarer « nous sommes en guerre » et, en même temps, négliger d’organiser notre défense, prétendre que le port du masque « n’a pas de sens !» pour en dissimuler la pénurie, atermoyer sur les mesures de protection à prendre, etc. Pour envoyer finalement les travailleurs au « casse-pipe » le 11 mai… Tout cela ne me semble pas autoriser ce « beau monde » à donner des leçons et faire de l’humour à la tribune de l’assemblée !

On a bien vu, en revanche, que le sauvetage du système économique était pris au sérieux à grands coups de milliards d’Euros mais là aussi, humour ! Ce sont les grands groupes du CAC 40 qui se goinfrent, les mêmes qui optimisent leurs redevances fiscales avec talent, privant l’état des recettes nécessaires au maintien de notre système de santé ou à la recherche d’un vaccin. Le site Internet de La France Insoumise révèle les montants de dividendes versés par ces seigneurs durant la pandémie aux actionnaires. Allez donc y lire où passe l’argent qui manque tant à nos services publics… Les applaudissements résonneront moins fort ce soir aux fenêtres !

Jean-Luc MÉLENCHON, qu’on l’apprécie ou pas, qu’on adhère à ses idées ou pas, a eu raison de proclamer à l’assemblée nationale que le gouvernement n’était pas à la hauteur de cette crise et tant pis s’il rejoint les rangs des commentateurs de comptoirs. Une situation dite « de guerre » aurait mérité qu’on s’engage dans la bataille plutôt que de « ménager la chèvre et le choux », l’économie si chère au Président.

Et voilà qu’apparaissent, soudainement, des millions de masques de protection dans les rayons de supermarché. Gag absolu ! Le secteur privé s’est procuré des masques, les a stockés en secret pour les mettre en vente le jour où le gouvernement relâche le confinement ! Tous ces masques dont le personnel soignant manque tant depuis des mois, bricolant des blouses avec des sacs poubelles, des visières/écrans en plastique avec des intercalaires de classeurs, des masques de protection respiratoire avec du tissu de récupération et des élastiques de slip !

Nos soignants devront-ils désormais acquérir, à leurs frais, des masques dans les supermarchés ? Il y a fort à parier, en effet, que les doléances émises depuis des années pour que perdure notre système de santé, ne soit pas plus écoutées demain qu’elles ne l’étaient hier.

Nos gouvernants pourront-ils s’affranchir de leurs fautes par de nouvelles pirouettes rhétoriques et diverses hardiesses verbales ?

Serons-nous capables de garder, du confinement, ce qui modifierait nos modes de vie pour que le jour d’après la crise donne naissance à un autre type de société, plus respectueuse des gens et de leur environnement ?

Il est bien difficile, face à ces questions, de garder le sens de l’humour !