Archives Mensuelles: novembre 2021

Un si bel écrin qui pue tant

Il suffirait donc que l’état décide de l’implantation de 10 000 usines de production de gaz méthane en France, afin de se libérer du dictat international de l’approvisionnement en gaz (épuisement des ressources, spéculations, géostratégies, etc.) pour que notre village s’apprête à subir ce que de nombreuses communes françaises subissent déjà : Odeurs d’égouts, épandages de digestats contenant divers déchets, pollution de cours d’eau et de nappes phréatiques, etc.

Il suffirait aussi que l’implantation d’une unité de méthanisation se projette pour que les citoyens s’intéressent aux énergies fossiles, à leur épuisement et aux alternatives pour les remplacer. Pétitions, rassemblements, vives discussions dans les chaumières… Immanquablement les boucliers se lèveront contre les mauvaises odeurs, les épandages douteux et les probables atteintes à la qualité de l’environnement.

Ces agriculteurs, prêts à produire de la matière fermentescible plutôt que de la nourriture et qui soutiennent cette filière énergétique, seront-ils à nouveau confrontés aux résidents soucieux de leur qualité de vie et leur bien-être comme ce fût le cas, à Chapareillan et ses environs, face à un funeste projet de porcherie industrielle dans les années 80 ?

Tous, pourtant, dressent de semblables étendards verts. Les uns prétendent agir pour l’environnement en innovant pour des énergies nouvelles (le gaz méthane issu de la fermentation de déchets), les autres doutent sérieusement des vertus de ce type de projet du fait des nuisances occasionnées.

Le débat est tronqué et c’est pour cela qu’il n’y aura pas consensus !

D’un côté, nous avons un monde agricole qui cherche à vivre de son métier, la production de matières fermentescibles représenterait un solide complément de revenu. Nous avons aussi et surtout des entrepreneurs investissant dans une usine à des fins mercantiles avec le soutien de l’état. Cette agriculture-là a-t-elle démontré jusqu’à présent son implication dans la protection de l’environnement ?

D’un autre côté, nous avons les habitants des villages environnants concernés par les odeurs et les risques industriels, se levant tous les matins en admirant les montagnes et les forêts, respirant le bon air du Haut Grésivaudan, écoutant le chant des oiseaux. Cette population agit-elle sérieusement pour palier à l’épuisement des ressources  naturelles ? Entend-elle les appels de Pierre RABBI, chantre de la modération et de tant d’autres scientifiques et lanceurs d’alertes ?

Car si l’on a besoin de produire du gaz, c’est bien parce qu’on le consomme !

Il faudrait donc qu’un débat public s’instaure, que tout l’intérêt ainsi que toutes les conséquences d’une telle installation industrielle soient exposés. C’est ce qui a été fait lors d’un récent conseil municipal dans la commune de Portes de Savoie. Ce n’est pas, en revanche, ce qui s’est produit à Chapareillan. Là, fidèles à un fonctionnement autocratique en vigueur depuis 2014, Madame le Maire et sa municipalité ont donné un avis favorable à la méthanisation industrielle sur un territoire très proche du notre, en toute discrétion, sous la pression et l’influence d’un maire-adjoint concerné et impliqué dans le projet, resté dans la salle de délibération alors qu’il ne participait pas au vote. Les arguments et contre arguments n’ont pas été exprimés, le débat démocratique n’a pas eu lieu, la municipalité a encore trahi une promesse électorale : « …Chapareillan est un écrin magnifique que nous souhaitons préserver… » (Editorial du programme électoral 2020 de Martine VENTURINI).

L’écrin risque de révéler une salle odeur plutôt qu’un bel éclat !