JUMELAGE ETHIQUE OU ETHILIQUE ?

Le jumelage entre communes est une pratique courante qui s’est fortement développée en Europe après la seconde guerre mondiale dans un souci de paix et de fraternité entre les peuples. La démarche résulte, aujourd’hui, de motivations diverses :

Idéologiques, lorsqu’une commune de France se jumelle, par exemple, avec une commune de PALESTINE en soutien au peuple Palestinien ou, autre exemple, avec une commune du MALI afin d’engager des actions d’aide au développement de l’Afrique. Le CCLT, association engagée contre la ligne ferroviaire LYON/TURIN, avait évoqué l’intérêt d’un jumelage avec une commune du Val d’Aoste afin de renforcer leur lutte contre ce projet inutile et ruineux.

Culturelles, comme c’est le cas entre Pontcharra et Rovasenda autour du thème historique de la mort du chevalier BAYARD. Nombreuses sont les communes également qui se jumellent autour de valeurs pédagogiques destinées aux enfants des écoles, échanges linguistiques bien-sûr mais aussi découverte d’environnements différents entre mer et montagne, entre ville et campagne, etc.

Conviviales enfin , avec l’exemple des liens tissés entre Les Marches et STEP, en Écosse, sur la base d’une quasi-homonymie inter linguistique mais aussi autour des valeurs du rugby et de la fête. Chapareillan, dans les années 80, nouait de chaleureux échanges avec SAN ANTONINO DI SUZA commune italienne dont plusieurs Chapareillanais sont originaires. Les démarches administratives dont la constitution d’un comité de jumelage nous avait amené, à l’époque, à renoncer à l’officialisation de ce lien.

C’est sur cette base de convivialité qu’un groupe d’habitants travaille actuellement à un projet de jumelage entre Chapareillan, commune viticole phare en Isère, au vignoble unique et remarquable, et une commune Belge nommée BOIRS. Au prime abord cela fait plutôt penser à un canular de fin de soirée bien arrosée jumelant « Pinard » à « boire » en une fine association d’idées dont certaines libations incontrôlées sont fréquemment le creuset.
Mais voilà que les promoteurs de ce projet ont été invités à présenter leur projet au conseil municipal. Il doit donc y avoir un intérêt collectif majeur motivant la municipalité à entendre ce groupe d’habitants au cours d’une suspension de séance. Entendre la parole des Chapareillanais au cours du conseil municipal de surcroît, est devenu un évènement assez rare en mairie pour être remarqué. Le bulletin municipal vient d’officialiser l’initiative en la qualifiant même de « citoyenne » !!! Notre jumelage à nous sera donc du genre convivial, festif… Et CITOYEN! Venant de la part d’une municipalité qui se confond en déni de démocratie locale depuis son élection, le qualificatif de « CITOYEN » vaut son pesant d’or!
Je me demande si nos nouveaux amis belges sauront apporter à notre municipalité un témoignage de la perception qu’ont les européens de la France, terre de démocratie et creuset des droits de l’homme… Je me demande si le bourgmestre de BOIRS est également coutumier de l’autoritarisme et du clanisme…
Intéressante, tout compte fait, l’initiative « citoyenne » et je brule d’impatience d’échanger avec tous ces honorables citoyens jumelés autour des notions fondatrices de notre république! Souhaitons donc bonne chance à ce comité de jumelage naissant, qu’il donne lieu à de fructueux échanges et, au-delà de mes craintes d’un canular de fin de soirée, qu’il représente dignement notre village au-delà de nos frontières.

Jean-François RICCI