Archives Mensuelles: janvier 2016

LES CHAISES – La célèbre pièce de Eugène Ionesco revisitée à Chapareillan :

Rappelons-nous que cette pièce relève du théâtre de l’absurde *

En résumé du résumé, l’auteur parle de l’absence, du vide, de l’absurdité (de la vie, d’une vie) que symbolise l’encombrement de la scène par les chaises, au fil de l’évolution de la pièce. A la fin de sa vie, Sémiramis, la vieille, encombre peu à peu l’espace de la scène avec les chaises qu’elle apporte pour accueillir toute une humanité virtuelle.

Et moi, je me demande quelle pièce on nous fait à l’envers avec la disparition progressive des chaises de la salle du conseil municipal en mairie de Chapareillan?

Quelle absurdité de démocratie nous est symboliquement exposée ?

Depuis plus de 50 ans, de belles vieilles chaises sagement alignées accueillaient le public, invitant à reposer le corps pour mieux activer l’esprit. Or, depuis 2 ans leur nombre fluctue, diminue, que signifie cet absurde ? Que le citoyen n’est plus le bienvenu dans sa propre maison **? Que s’il reste debout il écoutera moins, il partira plus vite ?

Qu’en dirait un/une éthologue *** ? : Peut-être que la réponse est dans une boite à sardine ?

Pour qu’on soit d’accord sur les mots :

*Absurde, du latin absurdus = dissonant. L’absurde est un décalage entre l’attente de l’Homme et l’expérience qu’il fait du monde, dans quelque domaine de l’activité humaine qu’il s’exprime.

**Commune, du bas latin communia. Qui appartient à tous, qui concerne tout le monde, à quoi tous ont droit ou part, (Larousse), la mairie étant la maison commune.

***Ethologie : Étude du comportement des espèces animales qui se propose d’expliquer globalement le fonctionnement des organismes vivants, en relation avec leur environnement. Elle prend en compte l’évolution de l’individu et de l’espèce au cours de leur vie (Larousse).

Claudine

Conte : Les temps obscurs

Ce royaume vivait dans le noir, pas un foyer, pas une torche vive, pas une lanterne, même pas un clair de lune, rien… Plus aucune lueur dans cette contrée lointaine depuis que sa reine, la petite reine Sardine, avait décrété l’obscurité. Il faut dire que dans ces temps anciens tout pouvait se décréter sans discussion ni controverse : La vie (par le contrôle de naissances), la mort (multiples condamnations et exécutions en place publique), la paix, la guerre, le prix du pain et du vin… Tout vous dis-je et même des notions immatérielles comme la peur, le chagrin, les souvenirs et que sais-je encore ?

Un jour donc la reine Sardine décréta l’obscurité, le noir complet.

« Mais majesté » lui dit son entourage, composé essentiellement de matrones en charge de la gestion et de l’administration du royaume, (lire le Grand Chaos, février 2015), « Vous voulez décréter l’obscurité même en plein jour ? »

« Oui ! Oui ! ET oui ! J’veux plus qu’on y voit clair, j’me trouve pas belle et mon miroir me l’a dit aussi, (cette reine possédait effectivement un miroir parlant comme les sorcières), j’veux pas qu’on me voie et qu’on se moque ou qu’on raille sur mon gros derrière ! J’ose même plus cheminer dans mon royaume autrement qu’en carrosse, mon beau carrosse élancé aux reflets d’argent, comme ça on n’aperçoit de moi que ma couronne d’or »

(Note de l’auteur : Il n’y a guère que dans les contes comme celui-ci que le souci de l’apparence domine et gouverne. On ne connait pas non plus de pays ou d’époque où l’individu n’existerait que par le lustre de son carrosse. Certes non !)

Sans discussion ni controverse l’obscurité fût décrétée. On supprima les flambeaux dans les rues, les chandelles dans les maisons, les cierges dans les églises. Jusque-là tout fut aisé. Mais comment créer le noir complet, même en plein jour, comme imposé par le décret royal ? On cloua les volets des fenêtres, on tendit au-dessus des rues du bourg, entre les façades des maisons, de grandes toiles épaisses. Les champs, les chemins, les ponts, les bords de la rivière furent interdits d’accès de jour, on édicta quelques mesures de sécurité, quelque état d’urgence, au titre de la protection des personnes et de la prévention des dangers. De gros piquets de bois furent plantées dans le royaume avec des petites pancartes clouées dessus interdisant ici la baignade, là la promenade et ailleurs toute présence humaine en pleine journée.

Les règles et les lois, on le sait bien, sont plus aisées à décider qu’à mettre en application !

Tout le monde se mit à vivre en aveugle et chacun marchait les bras tendus vers l’avant pour éviter les obstacles (Note de l’auteur : La coutume du bras tendu vers l’obscurité est d’ailleurs restée en vigueur dans certains groupes humains ayant échappé à l’évolution intellectuelle de l’espèce humaine), nombreux ceux qui se cognaient aux meubles, aux portes, aux murs des maisons, à leurs voisins, beaucoup arboraient yeux pochés, ecchymoses, bosses sur le crâne qui devinrent le quotidien des gens.

A la force de ne plus rien voir, les habitants du royaume perdirent toute notion du temps qui passe, ne connaissant plus de matins brumeux, de mi-journées radieuses et de rougeoyants couchers de soleil, ils erraient à toute heure du jour et de la nuit sans ordre ni cohérence à tel point que la circulation piétonne dans les rues du bourg ne cessait jamais malgré l’obscurité, les uns vêtus de pyjamas et de bonnets de nuit croisant les autres en habit de travail coiffés de chapeaux !

Une nuit d’hiver, il advint un évènement qui allait mettre fin aux temps obscurs.

Le palefrenier des écuries du château rôdait sous les fenêtres closes et obstruées par de fortes planches de la Cassette… Vous savez ! La matrone chargée des finances royales (lire la cassette et l’argentier, février 2015). Nul ne sait ce que le garçon d’écurie faisait là alors qu’aucun crottin, ni tas de fumier, pas plus que d’équidé en errance ne nécessitaient sa présence en ce lieu. Certains prétendirent qu’un galant rendez-vous n’eut pas lieu justement du fait de la perte de notion de l’heure qui frappait le royaume. L’un gémissant de désir dans la ruelle, l’autre sommeillant derrière ses volets clos. Les mauvaises langues du village, encouragés par l’obscurité sans doute, aimaient à imaginer sans fondement de sulfureux rendez-vous pour de fiévreuses étreintes dans le secret des ruelles… Le côté obscur de l’humain !

Le palefrenier donc, stupéfait, aperçut tout d’un coup, au travers des planches disjointes condamnant les fenêtres de la matrone sus nommée des éclats de lumière, des lueurs vives et intermittentes livrant un curieux spectacle auquel on n’était plus habitué : Un clignotement.

La Cassette abuserait-elle de son pouvoir de comptable officielle pour braver l’interdit ?

Userait-elle secrètement d’une lampe ?

Aurait-elle fait rallumer sa forge dans la fournaise de laquelle se fabriquait des casseroles ?

Petite vengeance mesquine de prétendant se jugeant éconduit, le palefrenier donna l’alerte, dans la plus grande discrétion, auprès de la garde royale chargée de l’ordre et de la sécurité. Ne souhaitant pas être connu et profitant de l’obscurité, il cogna à la porte de la caserne et se fit passer pour un quidam vigilant ayant aperçu une lueur suspecte chez sa voisine. Les soldats impavides s’ébranlèrent, firent promptement route et, sans sommations, défoncèrent la porte derrière laquelle on foulait du pied le décret royal.

Quelle ne fut pas leur surprise en découvrant la Cassette attablée dans sa cuisine, comptant les écus du trésor royal un à un et soulevant le couvercle d’un coffret pour y déposer chaque pièce une fois comptée d’une geste leste et sur. Ainsi, à chaque ouverture du couvercle, l’éclat des pièces d’or illuminait les lieux.

(Note de l’auteur : «Quel travail long et fastidieux que de compter écu après écu le revenu des taxes et des impôts mais quelle satisfaction que cet éclat de lumière à chaque écu compté ! Ne dit-on pas de nos jours encore que les voyants d’un budget clignotent, ou qu’ils sont au vert voire au rouge ! Quel feu d’artifice que la comptabilité publique et comme on comprend que certains s’y adonnent dans le secret des alcôves sans partage et dans la plus grande intimité… »)

Voilà bien une source de lumière que la reine n’avait pas prévue dans son décret réglementant sa volonté d’obscurité. Devait-on cesser de comptabiliser la cagnotte royale ? La Cassette usait-elle de sa mission comptable pour briser l’interdit en ouvrant aussi fréquemment le coffre contenant les écus d’or ? Que de questions se posèrent auxquelles on ne souhaitait pas trouver de réponses ? De procès il n’y eu point, pas plus que de remise en cause de la mission régalienne de la Cassette… En effet, la reine Sardine fut rapidement convaincue par les autres matrones qu’il était opportun de laisser la comptabilité du royaume à la discrétion de la seule personne sachant compter, le reste de la population souffrant d’une ignorance cruelle des sciences du calcul et de la comptabilité !

Nécessité fit loi, la Cassette continua d’actionner de bas en haut puis de haut en bas le couvercle du coffre du trésor royal. Les habitants du royaume, du coup, se regroupèrent sous ses fenêtres closes afin d’apercevoir les éclats de lumière dont le décret royal les privaient en une béate contemplation. Les attroupements augmentèrent en nombre et en fréquence, on prit l’habitude de s’y rencontrer, d’y bavarder, d’y festoyer même, on eut même un projet de procession à la gloire de la sainte illumination, si bien qu’en quelques semaines ce lieu devint si fréquenté et si bruyant que la Cassette, n’y tenant plus, supplia la reine Sardine de trouver un remède à la situation.

Ainsi fut-il décidé de sursoir à l’application du décret aussi brusquement qu’on en avait créé les règles, sur un coup de tête (couronnée bien-sûr !), toujours sans débat ni controverse. Voilà donc ce qu’il advient des décisions prises prestement, d’autorité et sans grande réflexion. On décloua les volets des fenêtres, on retira les toiles qui recouvraient les rues, on ralluma chandelles, torches et flambeaux. Les beaux jours revinrent inondant le royaume de soleil et de luminosité. Les gens plissaient les yeux comme des annamites, certains chaussaient des lunettes assombries par de la suie, d’autres s’abritaient d’ombrelles ou de branchages, on mit des années à émerger vraiment de cette période sombre.

La reine Sardine, sur les conseils d’une matrone expérimentée en matière de remèdes contre l’image négative de soi, brisa son miroir et se mit au régime, finies bombances et libations.

La fin des temps obscurs était venue.

Jean-François RICCI

Des vœux bien méprisants

Chaque année, au mois de janvier, nous aimons honorer l’invitation à la cérémonie des vœux de notre maire. C’est une occasion de rencontrer toutes celles et ceux qui s’intéressent au village. Ensemble nous prenons connaissance du bilan de l’année passée et des projets de l’année qui débute. A la suite de quoi, un verre à la main, nous partageons, en temps normal, un chouette moment de convivialité autour d’une galette.

Question convivialité, cette année 2016, on a plutôt pris une sacrée douche froide tant la diatribe de madame la maire a « plombé » l’ambiance. Il est vrai que les évènements de novembre 2015 et l’état d’urgence que notre pays connait ne prêtait pas à la gaudriole mais notre première magistrate devait-elle, dans ce contexte, jeter autant de discrédit sur les dizaines d’élus municipaux qui l’ont précédé ? N’y a-t-il pas une satanée contradiction à citer le mahatma Gandhi dans le carton d’invitation et de prononcer, dans la foulée, des vœux à la population aussi véhéments, mensongers et méprisants vis-à-vis des précédentes municipalités.

Que de mépris, alors qu’en 2 ans cette majorité-là n’a su que supprimer les commissions municipales, casser le projet social des habitants, instaurer un fonctionnement autoritariste et exclusif en mairie s’appuyant sur un clan… Que sont quelques centaines de mètres carrés de voirie enrobée (desservant notamment les entreprises familiales d’élus) comparés à ce qui a été fait lors des dernières décennies. Comment peut-on se vanter de la réalisation de projets dont les créateurs et fondateurs sont justement les prédécesseurs : Rue du CERNON, microcentrale hydroélectrique des EPARRES, 3ème tranche d’aménagement de la zone d’activité par exemple.

Cette municipalité n’est pas encore entrée dans sa phase d’élaboration de projet et c’est bien normal lors des 2 premières années d’un mandat, elle n’a donc encore rien prouvé de sa capacité à ne serait-ce même qu’entretenir l’existant (les nombreuses doléances émises lors des réunions de quartiers en attestent).

Il a, en revanche, été clamé avec force audit financier, publication et déclarations péremptoires en réunion publique que notre commune était quasiment ruinée et en incapacité d’emprunter le moindre €uro pour les 5 années à venir. Il y a de quoi être surpris à la découverte du montant des emprunts contractés sur ce budget 2016 équivalent à eux seuls à ce que la municipalité BOSA avait emprunté en 4 ans.

Rappelons-nous aussi du recours à des emprunts de trésorerie pour financer le fonctionnement communal en début d’exercice : Cela devait cesser… Eh bien ce procédé reste aussi important aujourd’hui qu’hier malgré les nombreuses coupes sombres effectuées dans les dépenses.

Oui la commune de CHAPAREILLAN a gardé toute sa capacité d’investissement et d’emprunt, les allégations propagandistes d’Anne SUTZER/COCHET et Martine VENTURINI/COCHET sont mensongères.

Oui la commune de CHAPAREILLAN est l’une des mieux équipées du département depuis la salle polyvalente bâtie par Jean EHRARD en 1982, jusqu’à la magnifique école élémentaire voulue par Daniel BOSA, en passant par l’immense œuvre technique de feu Christian CUGNOLIO, adjoint chargé des travaux entre 1989 et 1995 puis véritable maire bâtisseur jusqu’en 2001. Réseaux électriques, réseaux d’assainissement, voiries et chemins ruraux, bâtiments communaux (Ecole maternelle, ancienne gare, garage du tramway, vieux clocher, églises du bourg er de Bellecombe, etc.), un énorme travail a été fait durant toutes ces années par des élus intègres ayant sacrifié une part de leur vie au service de la collectivité et voilà qu’aujourd’hui on leur crache au visage… Pas de ces crachats puissants atteignant leur cible mais plutôt de ces petits « glaviots » glaireux s’échappant faiblement d’une bouche déformée par le mépris et se collant lamentablement sur le menton de leurs auteurs.

La découverte des difficultés rencontrées pour gérer une commune devraient pourtant inspirer une attitude plus humble à ces personnes et moins flagorneuses. Quant à la supercherie consistant à citer GANDHI avant même que d’asséner autant de vilénies en réunion publique, elle aura probablement fait virevolter très haut dans le ciel les cendres de cet apôtre du pacifisme.

Jean-François RICCI