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DOSSIER CROTTES DE CHIENS

« Qui du maître ou du chien est le plus dégueulasse ? ».
Cette question tournait en boucle dans ma tête au lendemain d’un jour de forte pluie alors que je zigzaguais sur le chemin des pêcheurs entre la Place de la Mairie et la rue du Souvenir Français, les yeux rivés sur le sol afin d’éviter de marcher dans une crotte de chien tout en prenant garde à ne pas glisser sur le sol détrempé…
Difficile exercice pour qui n’a pas comme projet immédiat de s’étaler par terre le cul dans la merde !
Bon sang ! C’est devenu « le chemin des chiens qui chient » ! Il y en a de plus en plus… Des grosses, des petites, des dures, des molles, des noires, des marrons, des jaunes, des blanchâtres… Incroyable champ de mines parsemé de tout ce que la gent canine peut déféquer du petit matin jusqu’au soir au bout d’une laisse tendue à l’autre extrémité de laquelle se trouve le maître coupable d’un sacré manque de respect pour les pêcheurs et les marcheurs !
Voulez-vous que je vous le dise ? Le problème des crottes de chiens mérite d’être étudié car il est révélateur de l’évolution sociologique de notre village. La question a été posée à la municipalité, laquelle a répondu : « On s’en occupe ! » et ne fait pas grand-chose !
Eh bien ! Citoyens ! Je crois bien que c’est à nous qu’il appartient de régler ce problème. Ouvrons donc le dossier « crottes de chiens » avec sérieux et circonspection.

D’abord la révélation du problème :
Les crottes de chiens envahissent nos trottoirs, nos sentiers et nos pelouses.

Ensuite l’analyse du problème révélé :
La situation est-elle en évolution ?
Sommes-nous nombreux à nous plaindre de cette dégueulasserie ?
Tous les quartiers du village sont-ils concernés ?
Y-a-t ’il un problème collectif à régler ensemble ?

C’est parti pour l’inventaire des causes :
L’animal de compagnie, le chien « fidèle ami de l’homme ». Le droit pour chacun d’entre nous de posséder un animal domestique, le devoir aussi de ne pas le laisser occasionner de gènes à autrui.
La question des droits de l’animal doit bien être posée, les chiens ne sont pas des objets, la responsabilité de la personne qui adopte un animal est engagée envers un être vivant défendu à ce titre par la loi mais qui doit également respecter la loi!
Le maître de l’animal est-il inconscient des désagréments occasionnés par les crottes de son chien aux autres habitants fréquentant les mêmes espaces publics ou, à l’inverse, est-il irrespectueux du bien public et peu soucieux du bien-être des autres ?
Signalons tout de même l’existence de maitres de chiens consciencieux, équipés de leurs sacs à déchets « spécial crotte » lesquels ne laissent aucune salissure derrière eux. Ce sont souvent des propriétaires de petits chiens d’ailleurs car au-delà de la livre d’excrément, le ramassage de cette matière malodorante et encore chaude reste un acte écœurant même si elle est issue du « trou de balle » de son animal préféré !

L’évolution de l’habitat :
Il semblerait bien que la densité des défécations reste liée à la densité de population.
Notre village comprend des lotissements pavillonnaires où il y a, étonnement, moins de chiens qu’avant (révélation lors d’une une récente distribution de plis dans les boites à lettres !).
Il y a les petits immeubles collectifs avec quelques logements en rez-de-chaussée bénéficiant d’un carré de pelouse encourageant l’adoption d’un animal.
Il y a aussi des logements situés en étage, sans jardin donc, où l’on n’hésite pas, malgré tout, à adopter de gros chien plein de vigueur et d’énergie… Qu’il faut bien emmener chier et pisser ailleurs !

Chien de compagnie ou chien de défense, inventaire exhaustif :
On voit apparaître de nombreux chiens sans race précise mais ressemblant fort aux races de chiens dit dangereux (Pitbull, Rottweiler, Dog, etc…) comme si les maîtres avaient peur ! (Notons qu’il existe un commerce important pour la vente de ce type de chiens qu’il soit officiel ou clandestin).
Il y a bien-sûr les habituels petits « chien chiens à sa mémère » tout mignon, tout gentil, compagnons d’une solitude, d’un chagrin ou d’une maladie (Notons que là aussi il y a un commerce important en animalerie ou en salons du chiot assimilant l’animal à un objet/cadeau).
Divers corniauds bien sympathiques parcourent nos rues, prétextes à la marche à pied du matin ou du soir, bonne pour la santé du maître et du chien.
Les chiens « du terroir », de chasse ou de garde, toujours là certes mais moins coupables, semble-t-il, des souillures en zone urbaine puisque s’ébaudissant dans les bois et les champs environnant !

Quelles solutions ? :
Le Maire de BÉZIERS dans l’Hérault (apparenté FN) suggère l’obligation pour tout possesseur de chien de faire inscrire l’animal et son ADN sur un fichier. Le personnel communal peut ainsi prélever l’ADN dans les crottes abandonnées pour identifier les coupables, confondre les maîtres indélicats et verbaliser.

Notre municipalité pourrait, plus prosaïquement, mettre à jour les arrêtés municipaux concernant ce type d’infraction et faire verbaliser les contrevenants par le garde-champêtre.

Une information générale à la population sur ce problème pourrait être distribuée dans toutes les boites à lettres et aussi publiée dans le bulletin municipal, encourageant au ramassage des crottes. Dans le domaine de la communication la municipalité ne manque pas de talent!

Quelques espaces canins pourraient être aménagés afin de centraliser l’activité digestive des cabots en quelques lieux.

A toute solution sa contradiction :
La solution Héraultaise (dite solution fascisante) coute très cher en analyses ADN pour les propriétaires et la commune, je me demande même si ces analyses sont réalisables. On voit mal également comment mettre en œuvre les prélèvements, mise sous plis et envoi au laboratoires dans le respect des procédures judiciaires à engager pour verbaliser par la suite. L’édile autoritaire dit et fait souvent de grosses conneries!

La mise à jour des arrêtés municipaux, la surveillance des lieux, les contraventions… Tout cela peut être efficace, occasionner la mobilisation du garde champêtre certes mais aussi générer une recette. Mais à long terme les chiens ne continueront-ils pas à crotter ? Seuls les emplacements risquent de changer.

Informer les habitants est important. Souvent les gens n’ont pas conscience de la gêne occasionnée aux autres parce qu’on ne leur a pas appris (éducation) ou parce qu’on ne leur a jamais dit ! (Communication, relations de voisinage), Informer sans stigmatiser est très certainement la première démarche à entreprendre.

Aménagement d’espaces canins: Tout aménagement doit être pensé et réalisé suite à une réelle concertation. Dans tout projet collectif il faut associer les habitants, possesseurs de chiens ou non. C’est le meilleur moyen de faire respecter les règles de cohabitation. L’implantation d’espaces canins, par exemple, risque de poser le même problème que le regroupement des ordures ménagères : Tout le monde est d’accord mais pas à côté de chez soi ! Il faut donc en débattre et trouver des compromis. Ainsi personne n’échappe à la révélation du problème. Le simple fait d’engager un débat peut apporter une prise de conscience et une évolution positive des comportements.
Dans l’hypothèse où la concertation débouche sur l’aménagement d’espaces canins, le coût serait peu élevé, il s’agirait de quelques madriers en bois traité, de quelques brouettes de matériaux concassés fins, d’un totem supportant une pancarte d’information, un distributeur de sachets et un support de sac poubelle. L’entretien de ces espaces ne demanderait pas plus de travail pour les services techniques que l’entretien des mêmes surfaces actuellement utilisées en chemin ou aménagées en pelouse. Le travail sera certainement moins désagréable pour nos techniciens que de tondre et subir les éclaboussures de merde, surtout si chaque maître ramasse les crottes de son chien et les mets dans la poubelle comme c’est la règle sur ces espaces. On peut aussi obtenir une mobilisation des habitants, propriétaires de chiens ou non, pour la création et l’entretien de ces lieux publics dont tous les habitants bénéficieraient directement ou indirectement. Les uns en utilisant l’espace canin, les autres en redécouvrant sentiers et pelouses vierge de tout étron… Le bonheur quoi !

En conclusion le fait d’associer vraiment les habitants autour d’un projet ne peut que créer du lien et de la considération des uns pour les autres. Mais voilà :

1) C’est du boulot

2) Il faut faire preuve d’ouverture d’esprit…

On doit bien admettre que dans ces deux domaines… Notre municipalité ne bat pas des records du monde !
C’est donc avec une grande joie et un véritable sens du devoir que ce blog vient d’offrir à la population de Chapareillan l’occasion de prendre à bras le corps (ou à pleine main selon si l’on possède un « toutou » ou pas !) ce problème fondamental pour notre vie commune : Les crottes de chien ! En cas d’échec, on pourra toujours:
Rebaptiser nos sentiers en « chemin des chiens qui chient »
Alerter les piétons par d’esthétiques pancartes sur les risques de glissades et d’enlisement encourus sur nos trottoirs
Équiper notre service technique de machines « avale crottes » sur le modèle des caninettes parisiennes.
Mais il serait quand même plus raisonnable que les maîtres de chiens contrevenants respectent les règles élémentaires de partage de l’espace commun !

Jean-François RICCI

LE TOTEM

Ce royaume est en deuil. Sur les remparts du château féodal les oriflammes sont en berne, ceints de crêpe noir. Pas une âme dans les rues du bourg… Pas un cri d’enfant… Pas un aboiement ni miaulement ni caquètement de poule encore moins de cocorico strident dés potron-minet… Silence pesant et si angoissant que les villageois s’interrogent du regard sans oser dire un mot… Qui donc est-il mort ? Quelle terrible défaite aurait-elle anéantie notre fière armée composée de vigoureux et valeureux sapeurs ? Les oracles auraient-ils annoncé quelque terrible tempête ? La famine guetterait -elle le peuple ?
Eh bien ! Rien de tout cela en vérité… Le royaume se trouve en fait prostré et en apathie parce que la petite souveraine des lieux, la reine Sardine, souffre de langueur. Finis les éclats de voix ! Terminés les coups de gueule ! Anéantis tous les efforts répressifs à l’égard de tout ceux qui pouvaient apporter une contradiction ou fomenter une quelconque opposition ! Les rues du bourg ne résonnent plus du vacarme chaotique lors du passage du carrosse argenté de la reine tracté par quatre fières juments aux crinières soigneusement tressées. Les couloirs du château sont déserts, les grandes salles d’apparat s’assombrissent, sur les créneaux de la fière forteresse, quelques corbeaux miteux et déplumés sont posés en observateur sans même oser un croassement… Lugubre… La reine est triste et verse sans fin toutes les larmes de son corps.
Les matrones en plein désarroi en appel alors aux forces vives du royaume : Les hommes ! (On se rappelle en effet que ce royaume est régi par la reine et ses matrones… En cas d’oubli se référer à de précédents contes). Un mâle aréopage se réunit alors dans la salle du trône et se concerte en maintes conjectures :
« Maladie d’amour ! » Clame le médecin en chef « Quelque gougnafier, compagnon de couche d’un soir aura blessé au cœur notre souveraine » (Il faut dire que la petite reine avait fort gout pour la chaire).
« Que nenni ! Piètre soignant ! » Éructe le chef de l’armée « Mon service de renseignement m’aurait informé d’une telle infortune, tout ce qui se passe dans la couche royale et ses abords immédiats est connu de mes nervis » (Il faut dire que ce chevalier avait fort gout pour la mise au jour de tout secret).
« C’est une langueur de saison ! » Avance le jardinier en chef « Dés le prochain printemps lorsque les prairies refleuriront, il n’y paraîtra plus rien ! »
Les matrones s’impatientent et commencent à regretter amèrement d’avoir lancé une concertation auprès de la gente masculine, fut-elle constituée d’affidés : « Que de temps perdu en palabres inutiles ! Que revienne vite le temps béni où notre reine impose à tous et à chacun ses règles et ses manières ! Vive l’autocratie ! » crient-elles en cœur.
En désespoir de cause les regards se tournent alors vers le vieux ménestrel responsable des fêtes et des animations. Le royaume doit beaucoup à ce vieil homme en matière de festivités et célébrations : Feux de joie du solstice d’été, nuit masquée célébrant l’hiver, cueillette de confiseries en hommage aux enfantements de printemps (Les étés de cette contrée étant la seule saison propice aux accouplements). Les fêtes se terminaient souvent par de sanglants pugilats mais rien n’amusait plus ce peuple débonnaire, attaché aux traditions que les engueulades et les bousculades.
« Oh! toi! Ménestrel! Tu ne dis rien! Que penses-tu de l’état de langueur de notre souveraine ? »
Le vieil homme accroupi prés de l’âtre déploie sa frêle silhouette, ses longs cheveux blancs clairsemés recouvrent ses épaules, il se présente face aux matrones et dit à travers sa longue barbe : « Ce qui d’abord est gloire à la fin est fardeau (citation attribuée bien plus tard à Victor HUGO) ! Notre reine ne parvient plus à porter la charge dont elle s’est elle-même battée ! Voici qu’approche la date anniversaire de la disparition de son prédécesseur déchu, le bon roi spaghetti ! La reine sardine ne connait plus l’ardeur frénétique de son début de règne… Son enthousiasme est éteint tout comme sa popularité d’ailleurs ! Il conviendrait, à mon sens, de redorer son règne en érigeant sur la place du bourg un monument à sa gloire ! »
L’assemblée est d’abord saisie de doutes, puis l’idée d’un monument fait son chemin dans les circonvolutions cérébrales des matrones (Il faut dire que toute initiative érectile excite l’imagination féminine), le corps médical se dit : « Toute scène de liesse vaut mieux que tout remède pour remettre un esprit à l’endroit », le chef des armées imagine déjà un grand défilé militaire inaugurale… Il tranche avec force : « A tout clan il faut un totem ! Quelle belle idée que voilà ! convoquons séant tous les artistes sculpteurs du continent et demandons leur d’exposer des projets ! »
Ainsi est-il fait. Les crieurs parcourent monts et vallées et proclament dans les hameaux, les bourgs et les villes qu’un grand concours est lancé et que le vainqueur désigné sera bien récompensé. Toutes sortes d’artistes farfelus se présentent alors au château avec de drôles d’idées :
Celui-ci propose une sculpture de bronze représentant une jolie petite sirène. Quoi de mieux pour rendre hommage à une reine nommée Sardine ? Eh bien non ! La sculpture est jugée trop lascive, trop dénudée et trop éloignée de la réalité anatomique de la reine (une sculpture analogue ornera bien plus tard la place d’une ville du nord).
Celui-là imagine un petit garçon aux allures d’ange faisant pipi dans une fontaine… Est-ce l’usage qu’on pense faire d’un pénis qui choque ? Ce symbole n’attire pas les suffrages. Nul peuple ne pourrait jamais s’honorer d’un monument consacré à la miction. Dommage, car ce sculpteur-là avait bâti sa renommée en Italie, sculptant dans le marbre les phallus des statues antiques mâles les plus célèbres.
Un artiste plasticien grec se déplace alors avec une maquette en plâtre grandeur nature représentant la déesse Vénus. Malencontreusement tombée lors du transport elle est présentée à la reine amputée des deux bras brisés dans la chute. On ne peut pas décemment représenter la reine sardine avec deux bras en moins ! Ce projet-là est enterré…
C’est alors qu’intervient le palefrenier… Certes, il n’est pas de mise, en ce royaume, de permettre l’expression orale des domestiques et encore moins d’en attendre une quelconque expression artistique. Mais ce servile employé d’écurie là avait, au fil des années de règne des matrones, joué de son charme et de ses plus beaux atours pour charmer les belles… Aussi jouissait-il d’une position favorable en tout lieu du château… Pas un jour ne passait sans qu’on ne le croise, entre chien et loup, s’immisçant discrètement dans la chambrée d’une matrone…
« C’est bien un totem qu’il nous faut ! » Clame-t‘ il « Fi de ces œuvres élitistes et sophistiquées ! Dehors les artistes étrangers ! Tous des métèques lubriques juste bons à montrer des bites et des nichons aux yeux innocents de nos enfants ! Rien de mieux qu’un bon vieux totem en bois « bien de chez nous », nous avons dans la forêt de très grands peupliers que nous pouvons abattre aisément. Le royaume compte dans les rangs de ces plus fidèles sujets de fiers et adroits bucherons lesquels sauront sculpter ce bois tendre… ».
La déclaration du palefrenier fait sur les matrones un redoutable effet. L’idée est retenue, une gente laborieuse mise en mouvement, le totem mis en œuvre… Et bientôt dressé sur la place du bourg sous les fenêtres de la reine Sardine.
L’effet thérapeutique se fit-il sentir ? La reine sortit-elle de sa torpeur ? Nul ne le sait ! Ce que l’on sait en revanche c’est qu’après des siècles de mystérieux rites, on honore encore aujourd’hui, dans ce pays, de curieux objets en bois aux formes diverses, silhouettes humaines mâles ou femelles nichées dans des chapelles, grandes croix dressées sur les collines ou sur des stèles de pierre, petits cadres enluminés accrochés contre les murs…
Le totem de la reine Sardine, lui, n’existe plus. Seul un ouvrage très ancien y fait référence. Il y est écrit qu’un jour de révolte le peuple victime d’une interminable disette y mit le feu et qu’une forte odeur de sardine grillée s’échappa du brasier…

OU MÈNE L’IMPÉRITIE ?

Il est passé le temps où la municipalité de Chapareillan, fièrement campée sur une tribune, fustigeait publiquement la gestion communale de l’ancien maire avec l’appui d’un audit financier douteux et l’arrogance de l’inexpérience. Aujourd’hui, on fait « profil bas » ! Les dépenses de fonctionnement ne baissent pas malgré la suppression de plusieurs services sociaux. L’excédent budgétaire stagne permettant tout juste le remboursement des emprunts. Les recettes souffrent d’une stratégie inepte entrainant l’érosion des dotations.
La cible du courroux municipale n’est plus Daniel BOSA, la supercherie ne prend pas et n’a jamais convaincu personne. Le diable aujourd’hui c’est Emmanuel MACRON et ce gouvernement qui veut à tout prix réformer la France à coup d’ordonnances. La bonne blague ! Alors comme ça notre municipalité, si « donneuse de leçon de gestion » en début de mandat, vient de s’apercevoir que l’état se désengageait petit à petit sur les finances communales au profit de l’intercommunalité. Cela date pourtant de plus de 30 ans depuis les premières lois de décentralisation !
La réunion publique du 20 septembre 2017 consacrée au budget communal a révélé des inquiétudes qui, étonnement, n’ont jamais été exprimées au conseil municipal quelques mois plus tôt lors du vote du budget. Les informations données aux conseillers municipaux permettent-elles des décisions sereines si elles sont incomplètes ?
Notre municipalité rejette donc la responsabilité de nos difficultés budgétaires sur le gouvernement lequel diminue sa participation aux recettes en dotations diverses. Imposture ! Car l’impôt reste la principale source de recettes pour l’état également. Ce que nous ne paierons pas en taxes et impôts locaux, nous le paierons d’une façon ou d’une autre. Prétendre s’affranchir d’augmenter les impôts locaux est un argument fréquemment avancé lors des campagnes électorales. Trois ans plus tard, à mi-mandat, l’adjointe chargée du budget a déjà « lâché l’affaire » et le ton a changé : « Comment renvoyer l’ascenseur aux électeurs qui avaient reçu, au pas des portes, des assurances ?». On comprend mieux que le gouvernement soit pris pour cible par ceux qui ne tiendront par leurs promesses.
Dans l’hypothèse de la réforme de la taxe d’habitation et dans l’incertitude du mode de compensation promis par le président de la république lors du congrès des Maires, il faudra tenir enfin aux contribuables un discours de vérité : « Les impôts augmenteront puisque notre mode de gestion ne marche pas ! ». Pour couronner le tout, la stagnation des investissements sur les infrastructures, reporte sur les générations futures la mise aux normes des réseaux engagée il y a plus de 25 ans. Les prochains mandats révèleront dans la douleur ce que l’on dissimule aujourd’hui sous des revêtements routiers de mauvaise qualité. Pendant ce temps-là, nos égouts empuantissent nos rivières… Est-ce qu’on verra, un jour, au journal télévisé de FR3, une distribution de pinces à linges aussi médiatisée que la distribution de bouteilles d’eau !
Notre municipalité pourra toujours afficher en fin de mandat un bilan positif en mettant en avant la réalisation des projets prévus par la précédente municipalité et défendus en 2014 par la liste ENERGIES CHAPAREILLAN (micro centrale hydroélectrique, caserne des pompiers, future halte-garderie, etc.) en prenant bien soin, dans le discours, à ne pas rendre hommage aux élus qui ont œuvré entre 2008 et 2014 pour que ces projets voient le jour. Mais que deviennent les projets électoraux de la liste Chapareillan 2014 composant l’actuel majorité municipale. Jetez donc un œil sur les programmes électoraux (si vous avez jeté les documents, demandez-moi… J’ai des archives !). Si on ajoute à cette forfaiture le manque de réflexion et de perspective dans une équipe majoritaire tétanisée par l’autoritarisme de la Maire, les conséquences risquent de coûter cher, à l’avenir, aux Chapareillanais. Les galettes de l’épiphanie auront un goût amer…
L’autocratie masque souvent l’impéritie d’un pouvoir et n’est pas productrice de prospérité sur le long terme… Il suffit pour s’en convaincre d’ouvrir un livre d’histoire ou de se pencher sur un atlas géopolitique !
Jean-François RICCI

Le trésor du royaume en péril

Interview totalement imaginaire d’une élue, maire d’une commune du Haut-Grésivaudan.

(Exercice librement inspiré des interviews presque imaginaires du « Canard Enchaîné » et de la caricature de Mme MORANO aux Guignols de l’info sur Canal +).

Journaliste local : « Alors madame le maire, à mi-mandat, pas trop déçue par l’exercice ? »

Madame le Maire : « Tu déconnes ! La fonction communale c’est d’ la balle ! Pas besoin de s’emmerder, tu commences déjà par virer les blaireaux qui sont pas d’accord avec toi, tu leur dis bien que tu les aimes pas et qu’ils peuvent rester chez eux ! Même s’ils sont élus de la minorité municipale par exemple ou représentant de parents d’élèves. La règle c’est : Comme la maire a dit ! Doigts sur la couture du pantalon et on la ferme !  »

Journaliste local : « Vous avez changé de mode d’administration communale, supprimé les commissions municipales, écarté la minorité municipale… Comment la population a-t-elle réagi ? »

Madame le Maire : « Y mouftent pas ! Pas un mot ! Faut dire que ma méthode est bonne : Au début faut casser l’ancien maire ! Balancer que c’est une burne et qu’il a ruiné la commune avec ses projets qui ressemblent à rien et qui ont coûté un bras ! Après, pas la peine de se la jouer fine ! On n’est pas assez instruit pour ça ! Tu tapes sur les dépenses et là y’ a de quoi faire ! Non mais c’est quoi tous ces services sociaux à la con ? Projet social des habitants par ci, projet jeunes par là et vas-y que je te livre des repas au domicile des vioques et des tutus et tournée générale de subventions aux associations avec accès gratos aux locaux communaux en plus… Non mais ça va pas ! On n’est pas chez LABBE PIERRE ici ! Le contribuable moyen y veut pas payer les leçons de musique des enfants de pauvres et les sans dent, y vont se faire soigner ailleurs, ici ! A la mairie y a pas le tiers payant ! Du coup, quand t’as supprimé toutes ces dépenses inutiles, tu retrouves tout de suite un budget plus présentable avec du bénef ! Ça t’a quand même une autre gueule les excédents de fonctionnement, c’est qu’on n’est pas habitué aux fins de mois difficiles dans mon milieu… »

Journaliste local :  » Des réactions de votre équipe municipale ? »

Madame le Maire :  » Y la ramènent pas non plus ! Des vrais lézards au soleil du mois d’août ! Y-z-ont compris c’est qui qui commande ! Même l’autre là avec ses embrouilles de pognon, elle a pas tenu trois ans… Tu parles d’une adjointe aux finances ! »

Journaliste local : « Ne craignez-vous pas que certains chapareillanais se sentent exclus de la vie communale ? »

Madame le Maire : « M’en fous ! Moi j’ roule pour ma crémerie, pour mes électeurs et mes soutiens… Pour mon clan quoi ! Les va nu pieds, les traine-savates, y z ont qu’à écouter Macron, le nouveau guignol de l’ Élysée, ils créent leur boite et vogue la galère ! Y z essaient de s’accrocher à la cordée ! Y a pas de place pour les miséreux au village, on veut du gros 4X4 et du coupé sport dans les rues ! Pas des KANGOO pourries et des AROLLA qui pétaradent et qui sentent mauvais ! Non mais ! Y vont pas nous polluer la vue avec leurs tas de tôles les importés ! Déjà qu’avec les crottes de leurs chiens ils nous plombent les trottoirs et les sentiers… Ils sont capables de nous piquer les ROLEX les racailles… Ils vont vite crécher dans les HLM en ville et ils nous laissent entre nous… Si on peut plus faire griller sa côte de bœuf tranquille, devant son pavillon, en admirant sa limousine ! »

Journaliste local : « En termes d’investissements, de grands projets voient le jour, pour une commune ruinée par l’ancien maire comment est-ce possible ? »

Madame le Maire : « Ben ! Y a qu’à dire que c’est grâce à ma gestion ! Les investissements, les grosses réalisations, c’est pas chiant ! Tu mets en branle les projets que l’ancien maire avait ficelé, tu laisses le personnel communal se démerder avec ça et hop ! Ça roule tout seul ! Une bonne photo dans le bulletin municipal et la populace a l’impression que t’as refait le monde pour elle ! Quant aux promesses électorales, toutes les conneries qu’ t’ as promises au pas des portes, là tu fais canard ! De toute façon les gens se rappellent pas ! Et pi ! Quand tu sais pas comment ça marche une commune et qu’ t’ as envie de te faire élire, tu balances un peu n’importe quoi, plus c’est gros plus ça passe ! »

Journaliste local : « Vous êtes quand même confrontée à une opposition virulente qui s’exprime sur Internet… »

Madame le Maire : « Quoi ! Les gauchos ! Les bobos ! Avec leurs leçons de morale comme s’ils avaient fait la guerre mondiale à eux tous seuls ! Non mais tu crois que je vais m’emmerder avec ces discours et ces Blogs à la con… Je les emmerde ! C’est moi qui mets mon cul dans le grand fauteuil, c’est pas eux ! Bientôt tu verras, j’aurai mis tout ce troupeau à l’heure de ma montre, y seront tellement écœurés qu’ y z iront pleurnicher dans l’Isère, je vais leur faire suer le burnous à tous ces ploucs, cantine, transport scolaire, école, services municipaux, activités associatives… Ils vont tout payer jusqu’au dernier Euro. Pendant ce temps-là avec mes potes on fera la fête et puis quelques affaires aussi et pi, en fin de mandat, on enverra Peter tout ce bastringue et les baltringues qui vont avec ! J’ te salue pas ! Pas envie ! Pas le temps non plus ! Et bonne année quand même ! »

La fabrique de jouets

L’exaspérante voix du GPS l’a dit : « Vous êtes arrivé à destination ! ». Rien pourtant n’indique à François qu’il soit parvenu au bon endroit, ni numéro de plaque de rue, ni boite à lettres, ni pancarte indiquant l’emplacement de cette ancienne fabrique de jouets en bois. Il circule dans la ruelle de ce hameau, allant et venant à plusieurs reprises, les pneus de sa voiture craquant sur les graviers d’un de ces revêtements de route bon marché à base de goudron et de gravillons concassés : « Encore un maire qui jette de la poudre aux yeux de ses contribuables » songeât ‘il « L’hiver aura raison de cette réfection de voirie sommaire, au printemps prochain les nids de poules réapparaitront ».

Aucune âme qui vive à qui demander son chemin. On peine à imaginer que dans un passé pas si lointain, ce village foisonnait d’activités artisanales prospères, de nombreux compagnons en bleu de chauffe rejoignant leurs postes de travail, le bruit des scies et des raboteuses se mêlant dans l’air à l’odeur de la fumée des poêles à bois, les camions circulant pour livrer des grumes de bois ou emporter, précieusement emballé, le fruit d’un ingénieux labeur.

L’heure tourne à la montre de François, le temps presse, il faut aboutir… Ce jeune entrepreneur n’est pas patient. Il décide d’engager son véhicule entre deux vieilles maisons par un étroit passage envahi en son milieu par de hautes herbes indiquant qu’on n’y circulait guère.

Encore illuminé par le soleil couchant apparait alors la vieille fabrique tant recherchée. Couverte de tuiles brunes, bardée de planches grises, de hautes vitres en partie brisées laissant apparaître des festons de toiles d’araignées alourdies par la poussière, c’est assurément là… La grosse clef confiée par le notaire de Saint Amour, le confirme… La serrure grince, le pêne se débloque d’un coup sec, la porte s’ouvre en grinçant sur ses paumelles rouillées et voilà François campé devant un amas de planches enchevêtrées, de caisses en bois renversées et divers objets hétéroclites…Qu’il lui faut enjamber précautionneusement.

Au centre de l’atelier trône fièrement une vieille scie à ruban en fonte grise. Toutes les machines à travailler le bois sont là : Scies, dégauchisseuse, raboteuse, mortaiseuse, toupie, tour… Toutes constituées de lourds châssis en fonte aux formes étonnement élancées, des moteurs électriques puissants ayant entrainé toutes sortes d’outils de coupe et d’usinage montés sur des axes entrainés par de larges courroies de cuir. Ce matériel obsolète ne sera pas réhabilité, il sera difficile de l’envoyer à la ferraille tant ces machines vénérables sont chargées de l’histoire de l’industrie mécanique lorsqu’elle fabriquait du beau et du solide !

Contre les murs, des étagères en bois sont chargées d’un « bric à Brac » indescriptible : Vieilles boites en fer au contenu inconnu, divers flacons aux étiquettes racornies, boites de peinture et de verni, une multitude de rabots à moulures vermoulus aux fers rongés par la rouille… Dans de grands tiroirs ouverts on trouve des étuis en carton éventrés laissant apparaître des clous rouillés, des outils, des rouleaux de ficelle et de fils de fer. Sur la gauche, sous les grandes fenêtres de la façade, un vieux tour à bois. Sur une étagère, une multitude de gouges posées en désordre, puis un fort établi en hêtre massif, sa presse serrée sur une planche, quelques copeaux témoignant d’un ouvrage inachevé. Plus loin, un gros poêle à bois en acier regorge de cendres froides, son tuyau coudé entrant dans le mur pour évacuer par un conduit de cheminée les fumées d’un feu qu’on alimentait naguère avec les chutes de fabrication pour tempérer plutôt que chauffer ce vaste espace de travail. On pouvait aussi y faire chauffer une gamelle et son fricot voire un gobelet en fer blanc contenant du vin ou du café selon l’heure ou l’humeur.

François imagine les bruits que devaient produire les activités particulières de ce lieu. C’était une fabrique artisanale de jouets et jeux en bois comme il y en eut tant dans son Jura natal. Tout semblait indiquer une interruption soudaine de la fabrication et l’abandon des lieux.

Un fait curieux, pourtant attire son attention : Contre le mur du fond de l’atelier une grande caisse à bois, de ces caisses destinées aux chutes de fabrication qui servaient de petits bois pour allumer le feu, cette caisse est vide. On voit très nettement sur le sol, dans la poussière, des traces de pas, des traces de petits pieds comme ceux d’un enfant, de très petits pieds… Étrange ! Y avait-il une autre porte par laquelle un enfant du voisinage s’introduisait pour quérir le petit bois d’allumage du feu de cheminée familial ? Quelque autre enfant venait-il en secret tenter de faire renaître un jouet de bois en assemblant des pièces vouées au rebut ?

Durant 100 ans, il s’était fabriqué dans ce lieu toutes sortes de jouets et de jeux. On laissait sécher des planches de hêtre sous la toiture pendant des années. On débitait ces planches avec la scie à ruban, on rabotait le bois faisant apparaître une veine claire au grain fin et régulier, à condition bien-sûr d’avoir bien choisi la bonne planche et que dans la forêt on ait abattu le bon arbre apte à la fabrication de ces objets si précieux pour les enfants. D’ingénieuses machines matérialisaient ensuite l’esprit humain en façonnant des bras, des jambes, des binettes aux yeux tout ronds et au nez pointu. L’atelier de peinture était proche ; chaque pièce, une fois usinée, était soigneusement décorée et vernie. Puis, par un ingénieux assemblage, les pièces disparates, reliées par des axes en fer ou des tourillons en bois, devenaient de jolis pantins colorés actionnés par des ficelles, des bilboquets, des yoyos, des draisiennes, des petits trains à roulettes… Un jour pourtant ce formidable artisanat cessa, victime de l’industrialisation, des machines automatiques, de la mondialisation et de la concurrence des produits d’importation bon marché en matière plastique.

Dans la grande caisse à bois si étrangement vide contre le mur de l’atelier on aurait dû trouver des chutes de bois, diverses pièces ratées, des bras et des  jambes de pantins, des arceaux de chevaux de bois à bascule, des roues de draisiennes, toutes sortes de petites silhouettes d’animaux… Mais là, rien, plus rien dans la caisse, juste ces traces de petits pas dans la poussière… Étrange !

François continue sa visite et soudain il sursaute ! Quelqu’un le regarde à travers la vitre d’un local où naguère on devait affuter les outils de coupe. Deux yeux noirs le guettent, deux petits yeux ronds se détachant sur un visage rose semblent l’épier, un petit regard curieux, perçant mais figé… Sa surprise maîtrisée il entre dans la pièce envahie par une odeur de métal et de graisse. Quelques rubans de scie sont enroulés et accrochés à des clous plantés près du plafond. Et là quelle découverte ! Un petit pantin de bois, rouge, vert, jaune, est accroché par une ficelle. C’était lui l’observateur. D’autres jouets sont là en voie de fabrication… Tous sont bancals, mal foutus, visiblement élaborés avec les pièces défectueuses puisés dans la caisse à bois… Voilà pourquoi cette caisse était vide et voilà vers quoi menaient les petites traces de pas… Qui donc, en secret, faisait, à l’occasion, revivre la vieille fabrique de jouets ?

François quitte l’atelier sur cette interrogation, il jette un dernier regard sur les vieilles machines, les vieux outils, la poussière, les toiles d’araignées… Il referme la porte, tourne la clef et retourne vers le temps présent. La visite de ces lieux lui permettra désormais de faire une offre d’achat pour ce bâtiment. L’évolution des marchés, en effet, redonnait de l’espoir aux activités artisanales traditionnelles. Les jouets ordinaires d’autrefois devenaient des objets d’exception issus du terroir pour une clientèle aisée soucieuse de transmettre aux enfants d’aujourd’hui certaines valeurs du passé. La fin des jouets d’importation, pas chers, pas solides, constitués de matières toxiques et constituant une montagne de déchets sitôt les fêtes de Noël passées, était-elle venue ?

Sitôt la porte refermée, dans le local d’affutage, deux petits yeux noirs s’animent au milieu d’un visage rond aux joues rouges, un petit bras se lève, deux jambes s’agitent, le pantin de bois remue au bout de sa ficelle et s’exclame : « Il est parti ! Vous pouvez sortir de vos cachettes » … C’est alors qu’une incroyable sarabande s’engage. De tous les recoins de la fabrique sortent toutes sortes de jouets en bois. Ici un cheval de bois se balance, là une draisienne traverse la pièce en frêle équilibre et bute sur un échiquier posé sur le sol. Des yoyos tombent du plafond, remontent et redescendent, s’enroulant autour de leurs ficelles. Un petit train sur roulettes défile à toute allure avec de gros dés colorés comme wagons accrochés à une drôle de locomotive… Un petit cri « Ouille ! » … C’est Bécassine qui vient de prendre la boule d’un bilboquet sur sa tête de bois tourné, un clown articulé et son gros nez rouge vient la consoler… Des exclamations, ce sont deux soldats de bois, fiers dans leurs costumes de hussards, qui se disputent… Un camion de pompier déboule à toute allure au son d’une clochette, chargé de deux fiers sapeurs aux casques dorés actionnant une pompe à bras, montant et descendant comme sur une balançoire… Un incroyable charivari bouleverse le vieil atelier au son de cliquetis, de grincements, de couinements et d’entrechoquements…

Qui donc avait-il pu fabriquer tous ces jouets en bois colorés en puisant des pièces détachées dans la caisse à bois et en utilisant les fournitures contenues sur les étagères ? Qui donc surtout pouvait-il leur donner vie ? Toutes les anciennes fabriques du Jura étaient-elles secrètement hantées et animées par des jouets en bois ?

On le dit ! …On dit même que toute masure abandonnée résonne parfois, derrière ses volets fermés, de bruits de casserole dont le fond cogne sur le fourneau et dans laquelle s’agite une cuillère en bois… On dit aussi que dans les vieilles demeures inhabitées, les tableaux représentant des ancêtres se décrochent du mur, la théière de porcelaine tremblote dans le buffet, les grands miroirs reflètent des lueurs fugaces… On dit encore que tout château, toute forteresse fussent-ils en ruine laissent entendre, certains soirs, des hennissements de chevaux de guerre, des cris d’assaillant, des claquements d’épées contre des boucliers… Cette cabane dans les bois ne laisse-t’elle pas échapper les rires des enfants qui l’ont construite ?… Dans cette grange c’est une odeur de foin qui réveille des bruits de chars mus par des bœufs énormes et forts comme un camion… Les relents de fumier et de sueur de cette écurie nous rappellent le souffle d’un cheval et le choc des fers de ses sabots sur les galets ronds tapissant le sol… Tout ce qui un jour accueille la vie ne connaîtra jamais le silence… A la condition bien-sûr d’être assez sensible pour l’entendre…

Dans toute murette soutenant une vigne il y a la sueur et le savoir-faire du vigneron, sous certains toits on voit des marques d’assemblage tracées par les charpentiers, dans les ornements des plus grandes cathédrales figurent les messages sculptés dans la pierre par les compagnons bâtisseurs… A la condition bien-sûr d’être assez sensible pour les voir…

Qui n’a jamais ressenti des frissons en visitant une vieille chapelle. Tout ce que nos ancêtres ont bâti et qui a résisté soit à l’usure du temps soit à la fureur destructrice de l’histoire de l’humanité témoigne que cela valait bien la peine d’être édifié et qu’une vie s’y trouve toujours… A la condition bien-sûr d’être assez sensible pour la ressentir…

Qu’y a-t-il alors de surprenant à l’approche de Noël, au cœur d’un hameau isolé du Jura, qu’une vieille fabrique de jouets s’anime soudain. Allez savoir ! Les cadeaux déposés sous nos sapins en sont peut-être issus ? A la condition bien-sûr d’être assez sensible pour y croire…