Archives Mensuelles: décembre 2016

Le monde dont nous rêvons

Pour SARKOSY : Deux portions de frites ! Deux !

Pour HOLLANDE : Une barquette de FLANBY ! Une !

Pour LE PEN : Un repas complet ! Un ! Avec café, pichet de rouge, service compris et l’addition pour la France et les Français !

A la prétendue gauche, désormais, d’occuper le champ médiatique avec une primaire qui fera, à n’en pas douter, autant de tapage que la primaire de la droite. L’électeur de gauche, j’entends de la «vraie gauche», souhaiterait pourtant obtenir d’autres informations à défaut d’enseignements :

François HOLLANDE pourrait-il nous dire, par exemple, pourquoi il a renoncé face au monde de la finance, son adversaire, notre ennemi ? Le monde de la finance gouverne-t’-il la France, l’Europe, le monde ?

Les politiques briguant les plus hautes responsabilités ignorent-ils, avant d’y aller, qu’ils ne gouverneront pas ? On ne le leur dit pas dans les grandes écoles ? Est-il honnête, alors, d’appeler les citoyens à voter pour des hommes et des programmes électoraux, tout en leur cachant la vérité ?

Que peut-on espérer d’une élection, mis à part la sueur ou le chômage, si c’est l’économie capitaliste débridée d’aujourd’hui qui dicte la loi ?

Et comment s’étonner alors qu’à droite comme à gauche les citoyens soient régulièrement tentés par le vote extrémiste ?

Lorsque l’extrême droite idolâtre une famille qui sévit de père en fille et de fille en nièce depuis quelques décennies, le peuple de gauche, lui, s’attache à défendre un modèle de société sur les bases historiques que sont la déclaration des droits de l’homme et le programme du Conseil National de la Résistance, une société solidaire qui s’est bâti « pierre après pierre », la sécurité sociale pour les victimes de maladies ou d’accidents, la retraite pour les vieux travailleurs, l’impôt d’une manière plus générale se basant sur un principe : « On cotise selon ses moyens et on reçoit selon ses besoins ».

Dépassé tout cela ? Foutu ? Alors dites-moi : De quel monde rêvons-nous ?

D’une machine économique mondialisée qui ne peut plus s’arrêter de croître sans risquer l’effondrement, sur une planète au bord de l’épuisement.

D’une société moderne qui a réduit la population à la dimension individuelle, où chacun n’est plus qu’un consommateur et où le débat économico-politique ne tourne plus qu’autour de deux seules notions : La relance ou l’austérité.

D’un système économique reproduit à l’échelle de la planète qui place les travailleurs, soit en situation de précarité, soit en situation de souffrance.

D’une production industrielle de pointe de plus en plus robotisé qui supprimera nécessairement de plus en plus d’emplois.

De projets électoraux de réforme copiant l’exemple des pays occidentaux (Angleterre, Etats-Unis) où les crises ont créé la fortune de quelques-uns et développé la pauvreté de tant d’autres.

La recherche du profit est une évidence pour l’entreprise, il est donc logique qu’elle s’emploie à payer le moins de charges possibles (dont les salaires) en délocalisant vers les pays du monde où la main d’œuvre est moins chère, à optimiser la fiscalité au point de créer l’énorme marché de l’évasion fiscale mais dans le même temps, appeler à la réforme des états, la diminution des dépenses publiques, la suppression des fonctionnaires, etc. Pour nous, les gens, quelle est l’évidence ? Quelle est la logique ?

Est-ce passéiste que de regretter l’époque des grandes luttes collectives où l’on était capable de montrer au capitalisme les limites à ne pas atteindre ? L’époque où les ouvriers constituaient une masse influente ?

Est-ce passéiste que d’appeler à la révolte contre le monde de la finance et de l’économie néo-libérale qui nous regarde nous débattre dans nos difficultés avec cynisme tout en amassant des fortunes, dissimulant de monumentaux bénéfices par d’astucieuses pratiques maffieuses dans les paradis fiscaux, Exploitant des infrastructures que nous avons payé (bénéfices des autoroutes), laissant l’état (Donc nous tous !) prendre en charge la misère et la maladie ? Le pire exemple de ce cynisme étant montré par le Groupe LAFARGE qui aurait payé DAESCH pour pouvoir continuer à produire du ciment en Syrie !

«… l’homme ne devient homme que dans la poursuite de la part haute de lui-même…» a dit MALRAUX… Et ce n’était pas un gauchiste !

Cette part haute, n’est-elle pas dans la solidarité, la fraternité et toutes les valeurs communes enseignées à nos enfants dans les écoles de la république ?

La part haute de l’humain est-elle dans la haine de l’étranger, le rejet des réfugiés ?

La part haute de l’humain est-elle dans un projet politique consistant à supprimer 500 000 fonctionnaires en France. Qui seront-ils ? Des enseignants, des soignants, des policiers ? Mais faut-il donc que chacun d’entre nous connaisse la souffrance dans un hôpital, la peur un soir d’attentat, les difficultés scolaires d’un enfant pour dire : « NON ! Cette société là on n’en veut pas ! »

Les électeurs de gauche, de la vraie gauche, se dévoieront-ils éternellement, lors des seconds tours des élections, à servir la soupe à la droite pour éviter le saut dans le gouffre proposé par l’extrême droite ? A la recherche de la part haute de nous-même, nous devrons bien ouvrir les yeux et prendre le risque de la révolte. Face au clan LE PEN, François FILLION compte sur les électeurs de gauche pour mettre en œuvre le pillage en règle de notre bien commun par un programme de réformes dignes des années TATCHER. Qu’allons-nous donc voter au second tour des présidentielles 2017 qui nous est annoncé ? Etron ?

Passez de bonnes fêtes les politiques ! Le printemps sera chaud !

Jean-François RICCI

Noël en terre de misère

C’est un bourg fortifié isolé du reste du monde par d’abondantes chutes de neige l’hiver et par le farouche esprit d’indépendance de familles puissantes régnant sur ce lieu tout le reste de l’année. Au cœur des épais remparts les toits des hautes maisons sont érigées en pointes menaçantes, les grandes cheminées fument, les hautes fenêtres brillent de mille feux… C’est le quartier du clan dominant.

Au pied des murailles les maisons sont petites et modestes, construites les unes contre les autres pour résister aux vents les plus froids. Les feux de mauvais bois mort réchauffent le maigre brouet des pauvres gens logeant là. Les ruelles sont désertes, personne ne se risquant à cheminer le soir, sous un ciel étoilé de l’hiver, dans ces faubourgs de misère.

Personne ? Pas vraiment … Pas ce soir… Le clair de lune blafard, en effet, laisse apparaitre soudain, quatre longues silhouettes revêtues de longs manteaux sombres à capuches. Comme sortis du néant, hantant la nuit d’une démarche lente, le pas pesant assurant leurs pieds dans la neige, s’appuyant sur de longs bâtons, les individus marquent un arrêt devant chaque masure, prêtant là l’oreille à une porte, risquant ici un œil à une fenêtre, ils cherchent…

Maintes aventures ont nécessité leur courage… Tant de persécutions les forcent à la vigilance… Fortunes et infortunes ont fait d’eux des errants… Ils cherchent…

Qui sont-ils ? Chevaliers vaincus, princes déchus, pèlerins, manants ? Cette froide nuit d’hiver apportera-t-elle une réponse à ces questions ?

Ils cherchent… Quand, tout à coup, au cœur de la nuit profonde, un cri se fait entendre… C’est le pleur d’un petit enfant, d’un nouveau-né surement ; il provient d’une étable dont la porte de bois vermoulue s’ouvre sous la pression des quatre mystérieux visiteurs. Ils entrent, saisis par l’odeur acide des défécations animales, du foin fermenté dont une maigre vache se nourrit et de l’aigre lait laissé dans une écuelle à l’intention d’un petit veau… Ils cherchent, touchant enfin au but de leur errance. Au tréfonds de l’étable dans un angle sombre formé par les murs de pierres mal assemblées de la masure, un enfant est né dans la paille. Vagissant dans les bras de sa mère épuisée, il trouve enfin le téton nourricier que, par un instinct naturel, il se met à sucer goulument. Le silence retrouvé, seuls, un souffle animal, un cliquetis de chaine, un bruit de mastication se font entendre. Dans la chaleur de l’étable les quatre pèlerins entourent la mère et le nourrisson et mettent un genou à terre.

Hasard de l’errance à la recherche d’un abri pour la nuit ? Appel silencieux ayant franchi les forêts, les prairies ? Comment une telle rencontre a-t-elle pu se produire ? Nul ne le sait ni ne l’explique ? Ainsi naissent les plus belles légendes, lorsqu’aucune réponse n’est apportée aux questions.

Cette époque bien lointaine était propice aux plus grandes espérances ? Bien moins civilisé que le nôtre, ce monde-là ne laissait pas aux jeunes filles le choix de leur époux. Trimant aux champs, vaquant aux tâches ménagères et au travail de la ferme, l’amour leur était interdit en dehors du mariage. Seule l’union convenue par les familles comptait. Aussi, lorsqu’il advenait qu’un amour de printemps laissât le fruit d’une coupable étreinte, les naissances se passaient dans une étable pour le mieux, une grotte cachée parfois, en pleine nature sauvage pour le pire. La survie de l’enfant, la vie de sa mère, tenaient au secret. Dans le pays, plus de 600 femmes étaient battues chaque jour pas leurs conjoints, tous les 3 jours l’une d’entre elles en mourraient, les viols étaient courant et presque ordinaires, les femmes se couvraient de voiles pour tenter d’échapper aux humiliations, aux injures salasses et aux gestes déplacés… Mais c’était une autre époque bien moins civilisée que la nôtre !

Par l’étroit fenestron de l’étable on voit briller une étoile, la bise siffle dans les fissures de la porte, la jeune mère lève vers les quatre visages dissimulés par les capuches un regard apaisé. Elle n’est pas inquiète. Rien de pire ne peut advenir demain que la cruauté des habitants du village et des siens. Une vie de femme méprisée et impie l’attend, il lui faudra de la force pour faire de son enfant bâtard un être respecté.

Les Quatre preux errants puisent dans leurs besaces présents et victuailles qu’ils déposent aux pieds de la jeune mère laquelle serre contre son coeur le témoignage vivant d’un bref et ardent amour défunt.

Le premier d’entre eux pose sur la paille un jouet sculpté patiemment dans un morceau de bois précieux par un jeune berger d’Ethiopie.

Le second y dépose une miche de pain, quelques noix, un pot de miel, un fruit juteux de couleur orange, collectés au fil du chemin contre une annonce, un chant, un présage.

Le troisième homme sort de sa houppelande une boite en fer dont il ouvre le couvercle sur quelques pièces d’or étincelantes, derniers écus restant du pécule légué par sa noble famille.

Le quatrième pèlerin, enfin, sort d’un sac de cuir usé un vieux livre aux pages jaunies et à la couverture racornie, il dit alors : « Dans cet ouvrage très ancien on parle d’un messager qui viendra du ciel pour apporter aux humains les réponses à leurs questions… Dis à qui veut l’entendre que ton enfant est le fils d’un dieu… Prétend à l’envi et avec force qu’il apportera sur terre une nouvelle lumière… C’est à ce prix qu’on vous laissera la vie ».

Alors qu’une pâle lueur pointe au-dessus des cimes, aucune âme encore ne s‘éveillant au jour, les quatre longues et sombres silhouettes sortent, une à une, de la vielle étable et reprennent lentement leur chemin. Nul ne sait d’où ils venaient ni quel sera leur destin. Ils laissent derrière eux une graine, les prémices d’une longue histoire d’amour et de haine, de messies et de prophètes, de suppliciés et de martyrs, une histoire qui bouleversera le monde.

Le retour

Au soir d’une courte et froide journée d’hiver

Lorsque chiens et troupeaux, bergers et bergères

Abandonnent aux frimas les prairies, les forêts

Alors que je ferme mes fenêtres, mes volets

J’entends comme un souffle, une plainte, un signal

Blotti contre ma porte, un petit animal

La voici revenue la brebis égarée

Amaigrie, affaiblie, affamée, retrouvée

Dans mes bras elle est plume

Son regard est de brume

Je ravive le feu pour chauffer mon logis

Sous mon épaisse couette elle est déjà blottie

Le plus profond sommeil l’a très vite engloutie

Secouée de frissons et de légères plaintes

Après tant de souffrances, tant de pleurs, tant de craintes

Après bien des errances dans de froides contrées

Avec tant de questions, sans pouvoir les poser

Et comme seules réponses des lumières et des bruits

Du cauchemar au rêve, combien faudra-t-il de nuits

A la force de l’amour et la vie comme cadeau

Pour qu’elle soit de nouveau la reine du troupeau ?