Archives Mensuelles: décembre 2015

La dure réalité des réunions de quartiers :

dessin REU publique 6

Un joyeux conte de NOËL :

Il neige à gros flocons sur les grands sapins d’une forêt profonde. Sur le chemin, plus de traces, personne n’y passe. La chaumière est lovée dans un vallon, la cheminée fume, les fenêtres s’illuminent faiblement de la lueur chancelante d’une chandelle. La lourde porte de bois est ornée d’une modeste couronne faite de branches, de pommes de pin, d’une guirlande dorée. Près de la cheminée, un petit sapin supporte quelques boules de verre qui reflètent les flammes du feu de bois. La mère est assise dans son fauteuil paillé, affairée à un quelconque ouvrage, elle murmure tristement :

« Il n’y a pas grand-chose au pied du sapin, nos enfants seront déçus ».

Le père fume sa pipe face au feu, une main posée sur la poutre de l’âtre, il rétorque :

« l’argent manque, tu le sais bien ! Tout le monde partage la misère, même les enfants ! »

« L’argent ! L’argent ! » dit la mère « Tu deviens ladre mon vieil ami, on aurait pu acheter un joujou, une orange, écoute les enfants piaffer dans leur chambre, ils sont excités, ils ne s’endorment pas !»

Sous leur couette épaisse, à l’étage, deux petits enfants blonds s’esclaffent et conversent gaiement dans leur petit lit sur le sujet du jour : Le Père NOËL ! Viendra ! Viendra pas ! Cadeau ! Pas cadeau !

Le père excédé, n’en peut plus des remontrances de sa femme et des exigences dispendieuses de ses enfants. Il décroche son fusil de chasse, introduit une cartouche dans le canon et sort de la maison. Un coup de feu retentit et déchire le silence de la nuit de NOËL. Les enfants se dressent sur le lit saisis d’effroi… La porte de la chambre s’ouvre lentement en grinçant sur ses gonds… Le père entre avec à la main son fusil fumant… D’une mine tragique il dit :

«Mes pauvres enfants… Le père NOËL est mort… Il vient de se suicider !»

Joyeux NOËL,

Joyeux noël les habitants !

La participation citoyenne à l’administration des communes est un fait historique propre à la naissance de la démocratie et au respect des droits humains. Depuis la révolution française, en effet, on a pensé et organisé des règles de vie commune dans le respect de chacun : Le champ social. Respecter tous les citoyens et ne favoriser aucun intérêt privé quand on gère une collectivité est devenu une règle républicaine.

L’histoire des communes garde la trace d’assemblées consultatives destinées à enrichir la réflexion collective : Commissions municipales et extra-municipales, groupes de travail, réunions de quartiers, etc. Depuis l’après- guerre, la commune de Chapareillan a connu diverses municipalités de tous bords et de toutes tendances qui toutes, sans exception, ont consulté la population dans le souci de mettre en concordance l’action communale avec les aspirations des habitants.

Dans les années 70, la pratique courante consistait à créer des commissions municipales d’élus pour travailler sur les différents problèmes posés. Lorsque le besoin se faisait sentir, on créait des commissions extra-municipales pour associer les habitants non élus, sollicités pour leur capacité d’expertise sur des points techniques ou leur connaissance des lieux concernés par des projets. On sollicitait aussi l’aide des uns au service des autres lorsque c’était nécessaire (Centre Communal d’Action Sociale, commission d’affouage, mobilisation pour les animations communales, actions de solidarité, etc.).

En 1989, Chapareillan venant tout juste d’échapper à la menace pestilentielle d’une porcherie industrielle de 6000 porcs, la deuxième municipalité EHRARD (La 1ère se déroulant de 77 à 83) a lancé une réflexion sur le thème suivant : « Comment protéger les habitants contre les nuisances de projets communaux irréfléchis et peu soucieux de l’intérêt collectif ?». La réponse fut : «Laisser libre l’accès aux commissions municipales à tous les habitants sur simple inscription en mairie» mettant en œuvre ainsi un contrôle citoyen permanent sur les affaires communales.

25 ans de participation libre aux commissions municipales et différents groupes de travail ont apporté une démonstration dont l’actuelle municipalité devrait s’inspirer :

Consulter les habitants génère du « bon sens », des avis différents voire divergents, donnent une vision plus large des problèmes, des compléments d’analyse.

Placer les habitants en situation de réflexion collective dans l’unique intérêt collectif permet à chacun de sortir de ses problématiques personnelles, de s’ouvrir aux autres, de développer en sorte sa citoyenneté.

Associer les habitants au travail collectif communal a également une immense vertu : il permet d’acquérir des connaissances, des compétences et aussi une meilleure appréhension de son environnement. Bon nombre d’habitants ayant participé à ces travaux ont été des candidats compétents, par la suite, aux élections locales.

Sortis de ce postulat, pensez-vous que gérer une collectivité comme la commune de Chapareillan sans faire participer les habitants soit possible ? On pourrait répondre OUI si l’on s’en tenait au fonctionnement de la municipalité VENTURINI qui a tout bonnement supprimé les commissions municipales et instauré un fonctionnement « familial » dans lequel seuls quelques initiés participent. Ce ne sont pas les quelques groupes de travail créés qui font illusion. On en a « filtré » les participants sur des critères claniques et leur fonctionnement est si discret qu’on se demande même s’ils fonctionnent ; Pas plus que les quelques réunions de quartiers qualifiées par ce blog de réunions « caniveaux » qui ne sont d’ailleurs convoquées que dans quelques quartiers privilégiés, certains hameaux du village étant toujours dans l’attente d’être invités. Ces initiatives ne produisent pas ce que l’on est en droit d’attendre de la participation des habitants : L’intelligence collective.

Les réunions de quartiers actuellement organisées par la municipalité de Chapareillan permettent d’inventorier les petits tracas des habitants : Crottes de chiens, trous dans les routes, vitesse excessive des automobilistes, ralentisseurs hors normes, camions poids lourds s’engageant sur des routes inappropriés, accumulation de compost malodorant dans un champ, un cambriolage provoquant l’appel à la création d’un réseau de voisins vigilants, la taille des haies, la dimension des arbres, l’enrobé qui manque ici et qui est en trop là, des jeunes qui font du bruit la nuit, des parkings occupés par des voitures « ventouses », etc. La banalité navrante de la vie pavillonnaire quoi ! Il reste à la municipalité la tâche de répondre à ces doléances, ce qui constitue ce qu’on appelle communément la « politique de la grille d’égout ». Cette tâche n’est pas mince et cette politique comporte le risque du clientélisme. La tentation de réaliser ces menus travaux au pas des portes des soutiens plutôt que sous les fenêtres des opposants est forte. Seuls les faits parleront et témoigneront de ce lourd soupçon que je fais peser. Mon plus grand souhait étant d’avoir eu tort en fin de mandat et que la communauté ne soit pas divisée par l’iniquité et les différences de considération.

Soyons magnanimes, la démocratie participative telle qu’on la connaît dans de rares communes de France est issue d’une forte volonté politique et nécessite surtout un réel savoir-faire dont nous avons débuté l’apprentissage, pour certains d’entre nous, avec l’aide d’un organisme de formation spécialisé… Mais cela c’était avant… Avant la suppression brutale du projet social des habitants en 2014. Certains me diront : « A quoi ça sert de mettre tout le monde autour d’une table ? Plus il y a de monde, plus c’est compliqué… ! ». Je concède bien volontiers que dans les régimes dictatoriaux où, plus proches de nous, les fonctionnements autoritaires et exclusifs, les décisions sont prises beaucoup plus rapidement et sans discussion… On perd effectivement moins de temps mais avec quelles conséquences ?

Lorsque l’on parle d’intelligence collective, on ne parle pas seulement d’efficacité dans l’exécution de projets. Une réflexion collective est nécessaire et je tiens deux exemples pour vous le démontrer :

Récemment, lors de la 2ème réunion concernant les quartiers de La Meunière, Cotagnier, La Cossette, Les Blards, Les Béroudes, Bellecour, deux annonces importantes ont été faites par les élus :

Madame VENTURINI-COCHET, Maire, a annoncé la prochaine installation sur le site d’ACTIPOLE (ex TYCO/PRONER) d’une moyenne surface de distribution alimentaire (INTERMARCHE est cité) avec station essence et distributeur automatique de billets… De cela on pourrait se réjouir !

Lors de la même réunion, madame l’adjointe chargée des finances et du budget, Anne SUTZER-COCHET, a dit « Le bureau de poste fermera, LA POSTE veut fermer !… »… Cette annonce-là est moins réjouissante !

Dans l’assemblée, un habitant a alerté alors sur les difficultés que rencontreraient les personnes ne conduisant pas pour aller faire leurs courses au-delà de la route départementale (éloignement, risques routiers, …).

Ces deux annonces et cette remarque auraient dû être reliées et une réflexion collective préalable l’aurait permis. L’installation d’un supermarché dans la zone d’activité condamnera à tout jamais la renaissance éventuelle d’une épicerie de village. Il se peut même qu’elle mette à mal les quelques petits commerces restants. La question de l’installation d’une moyenne surface alimentaire dans la zone d’activité s’est déjà posée dans le passé, à chaque fois la sauvegarde des commerces locaux et la difficulté d’accéder route de FRANCIN autrement qu’en voiture ont prévalu. A défaut de défendre le maintien du service public, la sauvegarde du bureau de poste aurait pu passer par la création d’un point MULTISERVICES. Il aurait été judicieux que les commerçants du village et les habitants soient conviés à donner leur avis. C’est à cela, tous ces aspects oubliés, toutes ces conséquences cachées, à ces révélations, que servent les commissions municipales ouvertes à tous et libres d’accès.

Prenez un second exemple en bref : le cas du budget communal de Chapareillan que les conseillers municipaux ont découvert le soir du vote ! Préparé qu’il fut en comité restreint et peut-être même par une seule personne, nul ne le sait vraiment ! Est-ce que, selon vous, cela laisse à chaque élu la possibilité de voter des décisions financières et budgétaires impliquant notre collectivité toute entière en toute compréhension et surtout en toute responsabilité ?

Entre 1989 et 2014, lors de chaque mandat, plus de 100 personnes ont pu participer librement sur simple inscription en mairie au travail des commissions municipales et différents groupes de réflexion. C’est autant de travail que l’on a pu partager et de projets que l’on a pu réaliser. La force des bénévoles et leur désintéressement font l’unanimité, tant de grandes œuvres sont dues uniquement à l’engagement de bonnes volontés. Quel gâchis que d’avoir supprimé les commissions municipales ! Alors que notre municipalité, pour des raisons qu’il reste à découvrir, ostracise la minorité et centralise le pouvoir sur quelques personnes, sans débat, sans concertation! Dans ce contexte local, est-il envisageable d’espérer une inflexion de cette majorité dont la réputation, désormais faite dans les vallées avoisinantes, n’est guère reluisante pour notre village ?

En cette fin d’année 2015, après les épisodes sanglants de janvier et de novembre provoqués par l’obscurantisme, avec aussi la terrible évolution de la pauvreté des uns face à l’enrichissement honteux de quelques autres, Est-il bien raisonnable de vous souhaiter, malgré ce sombre bilan, de passer de bonnes fêtes ?

Jean-François RICCI

Le désespoir !

Il y a des soirs d’élections où je me console de la mort de mes parents.

Tous deux anciens résistants contre le nazisme n’auront pas vécu cela.

Je pense qu’ils auraient eu mal… très mal.

Jean-François RICCI

L’espoir

L’automne dernier, par une belle journée de septembre, de nombreux visiteurs se pressaient dans l’enceinte de l’usine d’incinération de Pontcharra à la découverte d’un nouvel équipement : L’installation de valorisation énergétique.

Nos ordures ménagères, collectées à nos portes chaque semaine, sont acheminées depuis 1977 vers cette unité de traitement pour y être incinérées. Cet équipement appartenant au SIBRECSA a connu, au fil des années, de nombreuses évolutions afin de s’adapter aux normes environnementales. La dernière en date, et pas des moindres, consiste à produire de l’électricité grâce à la chaleur issue des fumées d’incinération.

A la faveur de cette visite, Monsieur le Président du SIBRECSA, par ailleurs maire de Pontcharra, a invité personnellement tous les anciens élus, de tous bords et de toutes sensibilités, ayant travaillé sur ce projet lors du mandat précédent. Cette délicate intention pourrait servir d’exemple à quelques petites souveraines particulièrement sectaires du haut de la vallée… Mais sur ce coup-ci, j’ai peu d’espoir !

A l’image de la future microcentrale hydroélectrique des Eparres dont les travaux viennent de débuter à Chapareillan, ce type d’équipement intelligent répond à une volonté de plus en plus forte de sauvegarder la planète. Même si la COP 21 génère plus de scepticisme que d’optimisme, gardons pour ce coup-là un peu d’espoir !

Au moment précis du vote auquel les élections successives nous appellent, il me semble important de rappeler que les idées qui progressent vraiment, surtout chez les jeunes, sont celles qui permettront aux futures générations de sortir de cette frénésie consumériste provoquant de tels dégâts environnementaux dans le monde. Je ne rejoins pas en effet le consensus médiatique ambiant qui place des raisonnements dignes du moyen âge (extrême droite, DAESH, etc.) au rang d’idéologie dominante. J’ai bon espoir, les générations qui nous succèdent sauveront la planète que nous avons, pour notre part, pas mal abimée.

L’espoir fait vivre !

Jean-François RICCI