Archives Mensuelles: février 2019

Les GNAGNAGNA

A l’occasion de l’allocution de notre maire présentant ses bons vœux aux Chapareillanais pour 2019, le phénomène GNAGNAGNA a pris le pas sur l’habituel BLABLABLA. La différence à faire entre les GNAGNAGNA et les BLABLABLA tient souvent aux circonstances… L’approche d’échéances électorales par exemple !

Si la mémoire reste chez vous une faculté opérationnelle, vous n’avez certainement pas oublié les diatribes enflammées de notre dramaturge préférée en début de mandat : la commune ruinée, les budgets plombés, le maire sortant cloué au pilori… Voilà que, aujourd’hui, le discours s’adoucit, le virulent BLABLABLA se métamorphose en sirupeux GNAGNAGNA :

La commune n’est plus ruinée, elle est seulement endettée à cause de la construction de l’école élémentaire publique. Les budgets ne sont plus en alerte, une gestion rigoureuse en ayant rétabli l’équilibre. Le montant de la dette par habitant diminue. On est même en mesure, après avoir bâti la micro-centrale hydroélectrique et la caserne des pompiers, d’édifier l’espace multi-accueil pour la petite enfance, de réaliser la remise aux normes de l’ensemble des réseaux enterrés dans la rue Saint Roch et la montée de La Grupillière, d’annoncer de nouveaux projets d’investissements dont un parc de loisir familial et divers travaux importants sur des bâtiments communaux.

Pas mal tout ça, pour une commune ruinée !

En fait, après avoir « dézingué » Daniel BOSA notre ancien maire, « traité plus bas que terre » les cinq élus de la minorité municipale, ostracisé tout habitant n’ayant pas porté allégeance à la majorité municipale, Martine VENTURINI s’évertue à réaliser le programme d’ENERGIES CHAPAREILLAN. Cette majorité municipale là s’est donc assise à fesses rebondies sur son propre programme électoral et, en même temps, sur la démocratie locale.

Du coup, il faut bien alambiquer le discours… Les élections approchent et avec elles l’heure du bilan. Les électeurs n’étant pas dupes, on enrobe le propos de quelques niaiseries du genre « La guerre c’est pas bien ! » , ou  » Les cambrioleurs sont pas gentils !  » (Comme si quelqu’un, dans l’assemblée, pouvait penser le contraire !), on est « en colère quand de braves gens se font dépouiller après une vie de labeur » (le filon de l’insécurité !), on se permet même d’en appeler à la justice (comme si on avait fait preuve d’équité comme premier magistrat de la commune depuis 2014) qui ne punirait pas assez les délinquants. Que les prisons françaises soient pleines à craquer et que les conditions de détention soient parmi les pires en Europe (sources OIP) ne change rien au discours… On n’en est plus à une ineptie prés quand il s’agit de racoler des suffrages !

Les GNAGNAGNA servent surtout à détourner l’attention des citoyens (un peu comme le grand débat de notre président étouffant la révolte des « gilets jaunes  » !). Les critiques répétées par les démocrates commencent à sérieusement sensibiliser la population. L’image autoritariste de madame la Maire est désormais instaurée dans les esprits. La dérive « extrême droitière » de cette municipalité « fait tâche » dans le haut Grésivaudan et ce n’est pas « bon pour les affaires ». Alors on refait la vitrine (comme tout bon boutiquier soucieux de soigner sa clientèle) et on invite à la tribune à l’occasion de la cérémonie des vœux, respectivement :

Les bambins du conseil municipal d’enfants dont les deux représentants, très en verve, ont été chaleureusement applaudis dès que madame la Maire nous y a autorisé.

Les anciens qui ont eu l’honneur d’être conviés à constituer le conseil des sages, lesquels sont, en revanche, resté muets (comme tout sage qui se respecte), semblant même un peu gênés de servir de décors de fond au prêchi-prêcha municipal.

Et puis les élus majoritaires du conseil municipal, tout autant silencieux et décoratifs, l’une d’entre eux officiant même à réceptionner les feuillets du discours, une fois lus, comme s’il s’agissait de précieuses reliques.

Tout ce beau monde communiant, par la suite, avec les habitants autour d’une galette à la crème frangipane, un verre de vin blanc pétillant à la main, portent un toast à la santé des portes ouvertes qui viennent d’être enfoncées.

Alors ! qu’est-ce qu’on a encore à râler ? Certes le Français est râleur mais, objectivement, ce mandat sera réussi, le programme d’ENERGIES CHAPAREILLAN (la liste minoritaire) en partie réalisé, le plan de désendettement prévu par Daniel BOSA (l’ancien Maire) confirmé, la commune bien tenue grâce à un personnel compétent… Est-ce que la majorité des électeurs, nécessaire à une réélection, se soucie de l’ancien maire vilipendé, des élus minoritaires ostracisés, de 46,5% des électeurs chapareillanais privés de leur représentation, des commissions municipales supprimées, du projet social des habitants torpillé, du service de portage de repas au domicile des personnes fragilisées par l’âge ou la maladie sabordé, des conseils municipaux bâclés, des habitants et associations discriminés, des promesses électorales non tenues, des règles élémentaires de la démocratie locale bafouées… ?

Un proche avenir nous le dira.

HYGIÈNE PUBLIQUE

Un historien local de mes amis a découvert dans les archives de notre commune un ancien avis au contenu « croquignolet » qui témoigne du comportement de nos ancêtres sur la voie publique et de la vive réaction des élus de l’époque en charge de l’administration communale. Je vous livre la pépite, en toute innocence, rien que pour le plaisir d’une plongée en plein cœur du 19 ème siècle et de ses mœurs :

AVIS

Voulant faire cesser une habitude grossière, inconvenante, mais heureusement exceptionnelle, de pisser le soir au milieu de la rue en sortant des cafés et cabarets, sans respect pour la morale publique, le Maire arrête :

  1. il est défendu de pisser au milieu des rues et sur les places publiques
  2. les contrevenants seront verbalisés
  3. le commissaire de police, la gendarmerie et les gardes champêtres sont chargés de l’exécution du présent arrêté.

Chapareillan le 31 juillet 1853, le Maire

Vous remplacez les flaques d’urines par les crottes de chiens et vous voilà, comme par miracle, de retour au 21 ème siècle !

Sur le même sujet, je ne résiste pas à la jouissive envie de vous inviter à découvrir un second document (issu de la même source) qui pourrait concerner, pour le coup, la question des dépôts sauvages mise en évidence dans le dernier bulletin municipal :

ARRÊTÉ

L’an mil huit cent quarante-six et le 20 avril, nous maire de Chapareillan vu les lois du 16 et 24 août 1790 titre XI art. 3 n°5 (du) 19 et 22 juillet 1791 titre 1er art.17

Arrêtons :

art.1 er : il est défendu aux habitants de jeter par les fenêtres dans les rues aucune eau propre ou sale, urine, matière fécale, ou ordures de quelque nature qu’elles puissent être.

art. 2 : il est expressément défendu de former des amas de fumier dans les rues ou chemins publics.

En cas de contravention au présent règlement, il en sera dressé procès-verbal, et les contrevenants seront punis selon toute la rigueur des lois.

Fait en mairie de Chapareillan le 20 avril 1846, le Maire

Le grand intérêt de se plonger ainsi dans l’histoire (la petite comme la grande) est d’apprécier l’évolution de nos mœurs sociale et politique. Les déchets changent mais pas le comportement des gens, une incivilité reste une incivilité. La réponse répressive reste l’habituelle échappatoire mise en œuvre par l’édile hostile (ou inapte) à susciter le comportement citoyen de ses administrés.